« A Chalon-sur-Saône, Bordeaux, ou dans les Hautes-Pyrénées, les médecins sont chauds comme la braise », avertit le Dr Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des Médecins de France (FMF) contacté par Pourquoidocteur. Au 3ème jour de la grève des médecins libéraux contre le projet de Loi Santé de Marisol Touraine, le moral des troupes de praticiens serait intact.
Une marche sur les ARS en Midi-Pyrénées
Preuve de cette détermination, les 100 % de grévistes (spécialistes et généralistes) à Orthez (Pyrénées-Atlantiques) et 92 % dans le pays de Quimper (Finistère), d'après des chiffres récoltés par la FMF.
Le Dr Hamon évoque aussi des marches à venir sur la mairie de Bordeaux (le 6 octobre) et en direction des Agences Régionales de Santé (ARS) dans plusieurs communes de la région Midi-Pyrénées.
MG France, premier syndicat de généralistes, qui est entré dans le mouvement ce lundi, parle lui de « la plus forte journée de grève depuis le début de l'année », selon son secrétaire général, le Dr Jacques Battistoni.
« En Auvergne et en Rhône-Alpes par exemple, dans de nombreux secteurs et cantons, tous les médecins ont fermé », détaille-t-il.
D'après ce syndicaliste, cette grève « reconductible » devrait au minimum durer jusqu'à mercredi inclus « chez les médecins les plus motivés ». Selon lui, le ras-le-bas des généralistes contre la Loi Santé ne serait donc pas prêt de s'arrêter.
La menace d'un boycott du tiers payant généralisé
A l'origine de cette colère, ce médecin cite le harcèlement des CPAM (1) dont se disent victimes certains praticiens, mais surtout le tiers payant généralisé (dispense d'avance des frais) prévu pour 2017. A ce sujet, le Dr Jean-Paul Hamon annonce d'ores et déjà qu'il boycottera la mesure, peu importe les sanctions « qui ne sont pas encore prévues », fait-il remarquer.
Comme chez beaucoup de ses confrères, seul le tiers payant "social" (CMU, CMU-C, etc.) trouve grâce à ses yeux.
Résultat, alors que le dialogue avec la ministre de la Santé sur ce sujet est rompu, un véritable blocage sanitaire semble se dessiner. Celui-ci devrait se dérouler « vers le 16 novembre, date à laquelle la Loi Santé passera à l'Assemblée Nationale pour le vote final », précise Jean-Paul Hamon.
La seule interrogation sur une possible unité syndicale à venir tourne toujours autour de la participation ou pas de la CSMF (2), le principal syndicat de médecins libéraux. En pleine campagne pour les élections professionnelles, le Dr Jean-Paul Ortiz, président de l'organisation, dénonce la grève actuelle comme « une mascarade ». « La date choisie du 5 octobre intervient, comme par hasard, au moment où les médecins recevront leurs bulletins de vote pour les élections aux Unions Régionales des Profesionnels de Santé (URPS) », a-t-il souligné auprès de Pourquoidocteur.
(1) Caisse Primaire d'Assurance Maladie
(2) Confédération des Syndicats Médicaux Français