Le vélo, même dans une ville polluée, c’est bon pour la santé. Voilà ce que l’on peut conclure d’un article paru dans le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut de Veille Sanitaire (InVS). L’étude, menée à Barcelone (Espagne), démontre le bénéfice d’un basculement des transports passifs (voiture, transports en commun) vers les modes de transport actifs.
Cette recherche fait partie du programme européen TAPAS, qui inclut 6 villes : Paris (France), Barcelone, Varsovie (Pologne), Copenhague (Danemark), Bâle (Suisse), Prague (République Tchèque). Il évalue l’impact sanitaire d’une évolution du mode de déplacement.
A Barcelone, 6 scénarios ont été élaborés. Ils varient d’un transfert partiel à total vers les transports publics, ce qui inclut 10 minutes de marche. L’objectif de ce changement d’habitudes : lutter contre l’inactivité physique et contre la pollution atmosphérique. « Quel que soit le scénario, les bénéfices pour la santé liés au passage d’un mode de transport passif à un mode de transport actif sont largement supérieurs aux risques associés à une augmentation de l’inhalation de polluants atmosphériques et à une plus grande exposition aux accidents de la route », écrivent les auteurs.
Privilégier les transports en commun
A lui seul, le vélo en libre service – du type Vélib’ – sauve 12 vies par an, selon les résultats. Un bénéfice clair puisque les accidents de la circulation sont à l’origine de 0,03 décès par an, et les polluants atmosphériques de 0,13 décès par an.
Le scénario qui fait la part belle aux transports en commun est de loin le plus intéressant pour la santé publique. Il prévoit de réduire de 40 % le recours aux véhicules particuliers, et d’augmenter de 20 % celui au vélo et de 80 % celui aux transports publics. Résultat : 98,4 décès évités par an grâce au gain d’activité physique et 1,4 décès évité par an grâce aux accidents de la route évités. La réduction « plutôt faible des concentrations en PM2,5 », de l’ordre de 0,3 à 1,2 %, ne suffit pas à atténuer cet effet positif.
La conclusion est évidente, aux yeux des auteurs : « Il faut développement des itinéraires à faible pollution pour les cyclistes et les piétons », comme des voies secondaires et des petits axes de circulation. En effet, outre la pollution, le risque d’accident y est moins élevé. Car dans des villes dans Prague ou Varsovie, la probabilité d’être victime d’un accident est 5 à 15 fois plus élevée.