Comme l’humain, le moineau souffre de malbouffe, lui qui picore les restes glanés sur les trottoirs des rues et les tables des bistrots. C’est le CNRS de La Rochelle qui sonne l’alarme dans une publication de Plos One : le moineau des villes mange trop gras, trop sucré ; sa descendance pourrait être menacée.
Pour les besoins de l’étude, les scientifiques ont comparé le régime et les données physiologiques de 110 moineaux ruraux et citadins, tout âges confondus (68 adultes et 42 jeunes âgés de quelques semaines), dans la région de Poitou-Charentes.
Plus gras en ville
Après avoir mesuré la taille de leur bec, de leurs pattes et de leurs ailes, ainsi que leur masse corporelle et la quantité de graisse au niveau du cou, les chercheurs ont conclu que les oiseaux des villes souffraient d’une alimentation inadaptée, en particulier chez les plus jeunes. En effet, les oisillons des villes seraient « significativement » plus gras ceux des campagnes, avec un score de masse grasse moyen de 2.5 contre 1.9.
« Ces données suggèrent que les moineaux urbains ont une nourriture trop grasse, expliquent les auteurs. En effet, pour une bonne croissance, les oisillons doivent surtout incorporer des protéines, via l’ingestion d’insectes. Or en ville, ils ont plus accès à des aliments gras issus des activités anthropiques ».
La future génération menacée
Selon l’étude, les inquiétudes ne portent pas tant sur la survie des oiseaux en surpoids, mais sur leur reproduction et sur le développement de leur progéniture. Une telle alimentation pourrait être à l’origine de dysfonctionnements hormonaux parmi la future génération de moineaux.
Mais la malbouffe n’est pas la seule menace qui plane sur ces animaux. A l’image de l’homme des villes, qui évolue dans des atmosphères polluées, l’oiseau est exposé aux nuisances sonores, aux gaz des pots d’échappement, au CO2 et aux particules fines. Des paramètres qui pourraient « aussi jouer de façon conjuguée ».