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Orléans : un médecin condamné pour refus de soin à une enfant mourante

Par Stéphany Gardier

Elle avait 5 ans, était condamnée et espérait mourir dans la douceur de son foyer. Parce qu'un médecin de garde a refusé de venir à son chevet, il n'en a rien été. Un manquement qui a valu au praticien une condamnation à 10 mois de prison avec sursis, et 10 000 euros de dommages et intérêts, rapporte le Parisien. Un triste fait divers qui met en lumière de nombreux manquements dans l'accompagnement des patients en fin de vie, alors que la loi sur le sujet a justement été votée ce mardi, en deuxième lecture à l'Assemblée nationale.

 

Face à l'horreur de la mort imminente de leur fille, atteinte d'un cancer, un couple de la région orléanaise avait demandé à ce que leur enfant puisse mourir chez elle, entourée des siens. La petite avait donc quitté l'hôpital et devait bénéficier du dispositif d'hospitalisation à domicile (HAD), avec un suivi médical sensé lui assurer « une fin de vie la plus douce possible », selon Le Parisien.

Les paents de l'enfant ont sollicité un médecin de garde afin de soulager leur fille, aux prises avec d'importantes douleurs. Or le praticien, à la retraite, mais assurant régulièrement des astreintes dans la région, a tout bonnement refusé de se déplacer ! Au lieu de parcourir les 25 km qui le séparaient du domicile de la petite patiente, il s'est contenté de prescrire par téléphone ... du paracétamol ! 

L'expertise diligentée suite à la plainte déposée par les parents a démontré que prescrire de la morphine et une oxygénothérapie à domicile aurait permis de traiter la douleur de l'enfant. Au lieu de cela, elle a dû retourner au centre hospitalier pour être prise en charge, et y est décédée 3 jours plus tard.

 

Une récente étude de l'Ined, montrait qu'en France seuls 25 % des décès avaient lieu à domicile, alors que c'est un souhait exprimé par la majorité des patients en fin de vie. Près de la moitié des malades atteints de cancers finissent leurs jours chez eux. Ces travaux mettaient en lumière un manque de moyens pour développer un réseau de soins palliatifs ambulatoires qui assurent à chaque patient de pouvoir décéder là où il le souhaite.

A l'heure où le ministère de la Santé ainsi que plusieurs syndicats médicaux louent les vertus du « virage ambulatoire », il faut espérer que les soins hors de l'hôpital ne soient pas vus que comme une solution pour permettre des économies. Car il ne s'agit pas que d'externaliser les soins, mais d'en assurer la qualité. Et les l'accompagnement des malades en fin de vie, petits ou grands, doit être une priorité. Les chercheurs de l'Ined le soulignaient, mourir chez soi est souvent gage de partir entourés des siens, plutôt que par le seul staff hospitalier.