Le dossier Preignac ne doit pas être enterré. Tel est le message d’un collectif de médecins, qui a lancé un appel aux autorités pour qu’elles mènent des investigations dans cette petite commune de la région viticole de Sauternes, où des cas suspects de cancer ont été constatés chez des enfants.
L’information a été révélée cet été, par le biais d’une enquête de l’InVS (Institut National de Veille Sanitaire) publiée discrètement sur son site Internet, en pleine période de congés. Les travaux mentionnent un excès de cancers pédiatriques chez des enfants scolarisés dans une école primaire située au milieu des vignes. Les épandages de pesticides ont lieu toute l’année, y compris pendant les heures de récréation, à quelques mètres de la cour.
Une étude limitée
Forcément, la question du lien entre l’exposition à ces substances et l’émergence des cancers se pose. Mais si les rapporteurs de l’InVS n’écartent pas ce lien, ils ne le confirment pas non plus. Les conclusions, prudentes, invitent à prendre quelques mesures pour limiter l’exposition. Mais les auteurs estiment surtout qu’il n’est pas nécessaire de poursuivre les investigations et d’engager de grands changements dans les pratiques viticoles.
Or, c’est précisément ce à quoi s’oppose le collectif de médecins, « Alerte des Médecins sur les pesticides ». Le mouvement, né dans le Limousin, demande à l’ARS (Agence Régionale de Santé) Aquitaine « une étude approfondie et étendue aux autres communes de la zone viticole », peut-on lire dans un communiqué.
Le collectif souhaite également « connaître les mesures de protection retenues, limitant le risque d’exposition à la dérive aérienne lors des épandages de pesticides, non seulement sur la commune de Preignac mais sur l’ensemble des communes relevant de la même problématique ».
Jusqu’ici, l’ARS n’a pas manifesté sa volonté d’approfondir les travaux scientifiques sur les risques sanitaires liés aux pesticides. Dans une région dont l’économie repose en grande partie sur la viticulture, la question est délicate. Pourtant, comme le rappelle le collectif, les preuves s’accumulent autour de ces produits phytosanitaires ; le lien entre une exposition et l’émergence de cancers pédiatriques laisse de moins en moins de place au doute.