Ce sont trois chercheurs que le jury des Nobel a choisi de récompenser à Stockholm, ce mercredi dans la catégorie chimie. Tous ont en commun d’avoir travaillé sur les mécanismes cellulaires qui contribuent à la réparation de notre ADN et à la stabilité de notre génome dans le temps.
Chaque jour, l’ADN subit des dégradations. Celles-ci peuvent être liées à des facteurs environnementaux, par exemple à l’action des rayons UV sur les cellules, ou à des facteurs biologiques, comme dans le cas d’une division cellulaire erronée.
Mécanismes de réparation variés
Pour lutter contre ces agressions extérieures et intérieures à l’organisme, les cellules ont mis en place des mécanismes variés pour se protéger et pour garantir la pérennité de l’ADN. Au cours de leurs différentes recherches, les nominés Tomas Lindahl, Paul Modrich et Aziz Sancar ont mis en évidence quelque uns de ces processus cellulaires. Des travaux qui présentent un réel intérêt pour les médecins, car ils permettent de mieux comprendre l’origine de certains cancers.
Tomas Lindahl est d’origine suédoise et a longtemps travaillé pour l’institut Cancer Research UK, recherchant de nouveaux traitements, et développant une compréhension nouvelle des mécanismes impliqués dans le développement de la maladie. Il est notamment l’un des premiers à avoir décrit l’ADN comme une molécule changeante, subissant à la fois altérations et processus de réparation.
Le chercheur avait déjà reçu le prix international 2008 de l’INSERM pour ces travaux sur deux mécanismes cellulaires de réparation de l’ADN. Le premier met en jeu une enzyme nommée ADN glycosylase, qui élimine la base azotée de l’ADN sur sa partie dégradée, et permet sa réparation. Dans le second, d’autres types d’enzymes ont été identifiées, comme l’enzyme « AlkB ».
Comprendre les cancers
L’Américain Paul Modrich a démontré comment les cellules compensent une mauvaise réplication de l’ADN au cours de la division cellulaire. Ce mécanisme, baptisé « mismatch repair » permet un taux d’erreur de réplication d’ADN près de 1000 fois inférieur à ce qui se passerait en son absence. Dans le cas de certains cancers héréditaires du côlon, un mauvais fonctionnement de ce mécanisme serait en cause.
Quant à lui, le Turc Aziz Sancar a dévoilé un autre processus de réparation, qui s’attaque spécifiquement aux dommages causés à l’ADN par une exposition au soleil et aux rayons UV. Les personnes pour qui ce mécanisme fait défaut sont plus à risque de cancers de la peau.
En récompensant les trois chercheurs, le comité Nobel souligne que le développement de certains cancers peut s’expliquer en observant précisément ce qui se passe au niveau des cellules. Mieux comprendre ce fonctionnement cellulaire permettrait de mieux adapter les traitements des cancers.