A l’heure du repas, que diriez-vous d’un beau criquet et de quelques mouches pour agrémenter vos légumes ? Non ? Vraiment pas ? C’est pourtant l’avenir de l’alimentation humaine. Ce qui est pour le moment un marché de niche dans l’Union européenne risque de devenir une nécessité. L’Agence européenne pour la sécurité des aliments (EFSA) l’a bien compris.
Elle édite ce 9 octobre un avis dans lequel elle évalue les risques potentiels de l’utilisation des insectes dans l’alimentation humaine et animale. Et il faut vous faire à l’idée : consommer des vers à soie semble sans danger.
Faible risque bactérien
Risque biologique, allergies, impact environnemental sont autant d’aspects soigneusement étudiés par l’EFSA. Mais les études sur le sujet sont encore assez rares, et l’évaluation des risques s’avère assez difficile. L’Agence fait donc preuve de prudence.
Les intestins de ces petites bêtes contiennent certains agents pathogènes qui peuvent être libérés sous des conditions de stress. « La question est de savoir si ces microbes – y compris des virus – sont pathogènes pour d’autres organismes que les insectes, tels que l’homme et l’animal, et, si c’est le cas, s’il peut être transféré vers l’alimentation contenant des insectes », s’interrogent les experts.
Il faut dire que la flore microbienne des différentes espèces d’insecte est riche. A priori, elle présente peu de danger pour l’homme. Mais une étude de risque menée aux Pays-Bas sur 55 produits a conclu que 65 % des échantillons ne respectaient pas les critères d’hygiène pour les produits crus pour les entérobactéries. En revanche, aucune salmonelle, aucun vibrion et aucun Clostridium perfingens n’ont été détectés. On peut même trouver des champignons bénéfiques comme celui à l’origine de la pénicilline.
Pas de maladie à prions
L’autre bonne nouvelle, c’est que les maladies à prion – de type Creutzfeldt-Jakob – sont peu susceptibles de se produire avec une alimentation à base d’insectes. « Les protéines à prion ne sont pas naturellement exprimées chez l’insecte, souligne le rapport. Il n’existe donc pas de risque de prion spécifique à cette espèce. Pour la même raison, les prions mammifères ne peuvent pas se reproduire chez l’insecte, donc les insectes ne sont pas considérés comme un vecteur biologique possible ou comme un amplificateur. »
Côté allergie, la littérature semble encore divisée. A ce sujet, l’Agence française de sécurité du médicament a privilégié la prudence. Mais dans l’ensemble, les gourmets peuvent se tourner sans risque vers ce nouvel aliment. Reste maintenant à oublier sa forme d’origine.