Prendre son mal en patience : jamais l’expression n’aura paru aussi juste qu’à l’heure d’obtenir un rendez-vous chez son ophtalmo. Le délai pour obtenir une consultation chez un spécialiste est un problème récurrent en France, avec des attentes qui se comptent en semaines, voire en mois.
Un site de comparaison de mutuelles s’est emparé du sujet et a réalisé un sondage auprès de plus de 7000 spécialistes métropolitains en 2015. Résultat : Les ophtalmologistes remportent la palme de l’attente, suivis des dentistes et des gastro-entérologues (voir cartes ci-dessous).
Des délais de plusieurs semaines… ou mois
Sur pratiquement tout le territoire, c’est plus de deux mois qu’il faut patienter pour voir son ophtalmo. Une situation quasi homogène, à l’occasion de quelques rares « privilégiés » : les Parisiens n’attendent en moyenne que de deux semaines à un mois, de même que les Niçois (Alpes-Maritimes) et les Tarbais (Hautes-Pyrénées).
En cas de problème cardiaque, mieux vaut habiter la capitale ou dans le sud (Bordeaux, Montpellier, Nice, Marseille…). Sur la « ceinture du soleil », le délai d’attente pour un cardiologue est inférieur à un mois. Ailleurs, on en est souvent quitte pour plusieurs mois d’attente.
Une radio en seulement quelques jours
La situation est plus contrastée pour les dentistes, les gastro-entérologues et les ORL. Rien de miraculeux pour autant : c’est souvent quelques semaines qu’il faudra patienter en cas de rage de dents ou d’ulcère. Sur ce sombre tableau, la radiologie est la seule spécialité à contraster nettement. Sur pratiquement tout le territoire, il suffit de quelques jours pour passer une radio.
Les départements du centre sont dans l’ensemble plus touchés par ce problème du délai de consultation, lié à la désertification médicale. Une règle empirique se vérifie à peu près : plus on habite loin des côtes, du soleil, et de la capitale, plus il faut attendre pour décrocher un rendez-vous.
Des délais bientôt réduits en ophtalmologie
Une situation dont les pouvoirs publics ont bien conscience. Il y a peu, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, annonçait des mesures pour réduire les délais d’attente en ophtalmologie. Le partage des tâches sera à l’honneur : les orthoptistes pourront désormais se charger du bilan visuel de la plupart des patients et les opticiens auront plus de marge dans le renouvellement des lunettes et des lentilles.
Le dispositif, déjà expérimenté dans le Pays-de-Loire, semble avoir porté ses fruits. Il a permis de réduire le délai de consultation de 9 mois à 15 jours en moyenne. Si cette solution paraît naturelle pour les « trois O » (ophtalmos, orthoptistes, opticiens), on voit moins, en revanche, comment elle pourrait se transposer chez les autres spécialités.
Désertification médicale
Pour les impatients, le projet de loi Santé, actuellement en pleine navette parlementaire, comporte néanmoins un mince espoir d’amélioration. Tout en retoquant des mesures phare comme le tiers-payant, le Sénat a récemment modifié le texte de loi pour y incorporer une mesure de lutte contre les déserts médicaux.
Cette mesure, si elle est validée par l’Assemblée nationale, rendra obligatoire la négociation lors de l’installation de médecins libéraux dans les zones à sous-densité ou à sur-densité médicale. Cette timide proposition permettra-t-elle de raccourcir les délais avant consultation ? Le temps seul permettra de le dire…
Délais d'obtention de rendez-vous avec les spécialistes
Le délai représente la différence en jour entre la date de prise du rendez-vous et la date du rendez-vous
(étude réalisée sur un panel de 7330 spécialistes en France métropolitaine entre août et octobre 2015).