Symbole de la colère des médecins contre le projet de loi santé, les 100 généralistes du bassin de Roanne ont décidé de passer à la vitesse supérieure. « La seule façon que cette loi ne s’applique pas à nous, c’est de nous déconventionner », indique l’un d’eux, le Dr Bruno Pagès, au Parisien.
Et le collectif Le Printemps de Roanne a d’ores et déjà préparé les lettres recommandées qu’ils adresseront aux caisses primaires pour faire part de leur décision si la loi est votée en l’état.
Le déconventionnement est une arme lourde dans l’arsenal de la protestation. Dans ce cas, les médecins sont libres de fixer le montant de leurs honoraires et les patients ne sont pratiquement plus remboursés par l’Assurance maladie. « 3,68 € seulement pris en charge contre 15,10 € pour les généralistes conventionnés faisant payer 23 € en secteur 1 ou plus en secteur 2, rappelle le journaliste, Daniel Rosenweg.
Ce mouvement semble prendre de l’ampleur, selon le quotidien. Les médecins de la Martinique considèrent que « c’est le seul moyen de se faire entendre », et d’autres départements préparent des actions comparables.
Ces médecins regroupés dans des coordinations locales n’obéissent pas aux mots d’ordre des centrales syndicales ou aux slogans politiques.
D’ailleurs, le collectif de Roanne va envoyer dans les prochains jours aux députés qui examinent le texte en deuxième lecture un livret « M Malade » pour dénoncer « les effets secondaires de la loi ».
Les auteurs expliquent que cette loi « va atteindre à la liberté de choisir son médecin et à la liberté de prescription. C’est contraire au serment d’Hippocrate ». Loin des tribunes parisiennes, les médecins de cette communauté urbaine peuplée de 180 000 habitants subissent de plein fouet les effets de la crise que traverse la profession. « Deux fois moins de médecins par habitant qu’en moyenne nationale, deux médecins qui vont bientôt décrocher leur plaque et se tourner vers le salariat, enfin deux autres en arrêt maladie pour burn-out… », résume le quotidien.
Trois éléments que le projet de loi de Marisol Touraine semble encore ignorer.