- Au Japon, le vieillissement de la population est de mieux en mieux pris en charge. La décentralisation des politiques de santé permet de mieux adapter les soins aux besoins locaux. Les entreprises adaptent aussi leurs produits à l'âge des consommateurs.
- Aux Etats-Unis, le secteur privé est actif dans la prévention des maladies chroniques. Les entreprises encouragent notamment leurs salariés à faire du sport.
- En Suède, les infirmiers et les sages-femmes ont des compétences plus larges qu'en France, pour étendre l'accès aux soins.
Vieillissement de la population, augmentation de la prévalence des maladies chroniques et difficultés d’accès aux soins. Un trio de problèmes qui affecte le système de santé français, mais aussi la plupart des pays développés. Il pèse aussi sur les dépenses sanitaires.
Le cabinet de consulting Nexialog, aidé par des étudiants de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (Sciences Po), tente d’apporter un certain nombre de réponses à ces enjeux, en s’inspirant d’initiatives innovantes, mises en place dans onze états à travers le monde.
Infographie de l'étude du cabinet Nexialog
Du Japon à la Suède en passant par les Etats-Unis, l'étude publiée ce mardi propose un panorama de mesures originales, s’appuyant particulièrement sur les nouvelles technologies. Leur point commun : une volonté de mieux accompagner les patients et de donner des outils de travail originaux aux médecins, tout en évitant une augmentation des budgets alloués à la santé.
Bien vieillir, l’exemple du Japon
En France, le vieillissement de la population s’accélère. Actuellement, 18,4 % de la population a plus de 65 ans. D’ici 2060, c’est un tiers de la population qui aura plus de 60 ans. Mais il y a pire : le Japon. Le pays se distingue en effet par l'âge de sa population, dont un quart a déjà plus de 65 ans. Pour l’anecdote, les Japonais consomment plus de couches pour seniors que pour les enfants.
Les pouvoirs publics ont rapidement mis en place un plan ambitieux pour intégrer les personnes âgées à la vie sociale, et pour accompagner leurs problèmes de santé. Cela passe notamment par une décentralisation des politiques de santé, dont les municipalités ont désormais de plus en plus la charge. Une pratique qui permet d’adapter l’offre de soins aux besoins locaux.
Par ailleurs, un nouveau système d’assurance maladie a été mis en place, depuis 2000. Des cotisations obligatoires, d’un montant pouvant aller jusqu’à 1,5 % du salaire, ont été instaurées pour les personnes à partir de 40 ans, et jusqu’à 65 ans.
Enfin, même les entreprises privées participent aux efforts. Elles ont, dans certains, cas adapté leurs produits aux consommateurs âgés, en grossissant la police des caractères inscrits dessus, ou en leur proposant des stages de conduite pour se remettre à niveau.
Etats-Unis et maladies chroniques
La lutte contre les maladies chroniques reste une priorité en France, d’autant que les comportements alimentaires et la consommation de tabac et d’alcool, toujours élevée, favorisent l’apparition de ces pathologies. Elles concernent 15 millions de Français, et près de 75 % des dépenses de santé au niveau européen. Améliorer la prévention, le dépistage et l’accompagnement est nécessaire pour réduire la mortalité.
Sur ce plan, les Etats-Unis ont mené plusieurs programmes innovants, principalement par le biais d'acteurs privés. En matière de prévention des maladies chroniques, les professionnels de santé estiment qu’il faut agir sur la sédentarité et sur l’hygiène de vie. En 2010, l’Affordable Care Act a été mis en place au niveau fédéral. Il permet aux entreprises de pousser leurs employés à la pratique sportive. 30 % de leurs cotisations de santé peuvent en effet être utilisées pour financer leur accès au sport.
La philosophie derrière ce projet : des employés sains et en parfaite condition physique ont moins de chance de demander des arrêts de travail, qui coûtent cher à l’entreprise. Le groupe BP est même allé plus loin, en distribuant des objets connectés aux salariés pour les sensibiliser au problème. Ils ont ainsi reçu des montres et des bracelets mesurant la perte de calories et l’activité physique quotidienne.
D’autre part, les assurances ont joué un rôle très actif depuis 2012, dans l’accompagnement des personnes à risque de maladie chronique, en mettant en place un programme de suivi des malades par un coordinateur local. C'est le disease management. Cette pratique est associée de pénalités si elle n’est pas respectée par les patients.
L’accès aux soins dans les pays nordiques
On ne peut parler de pratiques de santé innovantes sans mentionner les pays du Nord de l'Europe. Pour garantir l’accès au soin, la Suède propose par exemple un modèle basé sur une meilleure répartition des compétences médicales.
Les Suédois ont donné des compétences très larges aux infirmiers et aux sages-femmes. Les infirmiers sont par exemple les premiers interlocuteurs des personnes atteintes de maladies chroniques, et suivent ces patients sur le long terme.
Ils pratiquent aussi certains actes médicaux habituellement réservés aux médecins, et peuvent prescrire jusqu'à 15 catégories différentes de médicaments. Les centres de santé locaux, gérés par des équipes pluridisciplinaires composées principalement d'infirmiers et de généralistes, constituent la base du système sanitaire. Des pistes de réflexion pour les pouvoirs publics.