En ce dimanche d’automne refroidi par des températures hivernales, des coureurs courageux chausseront leurs baskets. Certains traîneront un peu les pieds mais d’autres, poussés par le plaisir, voire l’extase, que leur procure la course, se lanceront à grandes foulées. Une euphorie provoquée par des endocannabinoïdes, des substances produites par le corps et qui ont le même effet que le cannabis, révèle une étude parue dans Proceedings of the National Academy of Science (PNAS).
Selon une croyance populaire, ce sont les endorphines qui sont responsables de l’extase du coureur, grâce à leurs propriétés analgésiques. Or, ces hormones sont trop grosses pour passer la barrière hémato-encéphalique, indique les chercheurs de l’Université d’Hambourg et Heidelberg (Allemafne). C’est pourquoi, ces derniers ont tenté d’identifier les molécules responsables de ce phénomène décrit par nombres de joggeurs.
Moins anxieuses et sensibles à la douleur
Pour ce faire, ils ont placé des roues dans les cages d’une trentaine de souris. Pendant 3 jours, les souris ont pu gambader librement, parcourant en moyenne 5,4 km par jour. Ils ont ensuite enlevé la roue à la moitié du groupe. Après une ultime course de 5 heures, les chercheurs ont étudié le comportement, le niveau d’anxiété et de douleur des souris.
Dans un contexte de stress, il apparaît que les souris-joggeuses sont moins anxieuses et stressées que les autres. En outre, en les plaçant sur une assiette chaude, les chercheurs constatent que les cobayes qui ont couru réagissent moins vite que les autres souris, traduisant une diminution de la sensibilité à la douleur.
Les endorphines n'ont aucun effet
Pour identifier les substances potentiellement responsables de ces effets, les chercheurs ont réalisés des dosages sanguins. Ils remarquent alors que les animaux qui ont couru ont des taux d’endocannabinoïdes plus élevés que les souris qui sont restées inactives. Pour s’assurer que ces hormones produites par l’organisme sont en cause, les chercheurs ont injecté aux souris un médicament bloquant les récepteurs cannabinoïdes. Les souri-joggeuses ne ressentaient alors plus l’extase du coureur. Elles étaient aussi stressées et ressentaient la même douleur que les autres.
Afin d’évaluer le rôle des endorphines, les chercheurs ont réalisé la même expérience en bloquant leurs récepteurs. Résultats : les deux groupes de souris n’ont montré aucune différence, signe que ces hormones ne provoquent pas de plaisir et l’euphorie d’écrite par les coureurs et coureuses après la course. Un mythe tombe, mais un autre naît : la course agit comme le cannabis.