Dans la réserve naturelle de Laikipia au Kenya, près de la moitié des chameaux sont infectés par le coronavirus responsable du syndrome respiratoire du Moyen-Orient ou Middle East Respiratory Syndrome (MERS), révèle une étude publiée ce vendredi dans le journal scientifique PLoS ONE. Les chercheurs de l’université de Liverpool (Royaume-Uni) préconisent la réalisation de travaux supplémentaires afin d’évaluer le risque de transmission à l’homme.
Le coronavirus MERS a été identifié pour la première fois en avril 2012 en Arabie Saoudite où un homme succomba à une pneumonie. Une enquête épidémiologique dévoilera que deux cas antérieurs, deux soignants d’une unité de soins intensifs à Zarqa en Jordanie, sont apparus en avril 2012. Trois ans plus tard, une vingtaine de pays sont touchés, dont la Corée du Sud ou la Thaïlande, et 1594 cas d’infection ont été notifiés à l’OMS, dont au moins 568 mortels. A l'heure actuelle, aucun vaccin ni traitement spécifique n'existent.
Transmission à l'homme encore inconnue
Pour les besoins de leurs travaux, les chercheurs ont analysé le sang de 335 chameaux de 9 troupeaux différents dans les plateaux de Laikipia au Kenya. Ils ont découvert que 47 % étaient porteurs d’anticorps dirigés contre le coronavirus MERS, ce qui montre qu’ils ont été exposés au virus.
« Bien que la densité de chameaux dans la région de Laikipia est moindre que dans les régions du nord du pays, notre étude suggère que les animaux sont suffisamment nombreux pour maintenir un taux de propagation virale élevé, explique le Pr Eric Fèvre, titulaire d’une chaire de médecine vétérinaire à l’université de Liverpool. Les chameaux se transmettent continuellement le virus et servent d’hôte ».
Menace les paysans kenyans
Néanmoins, les chercheurs se veulent rassurants. Ils ignorent encore si la souche du virus peut se transmettre à l’homme. « Il est possible que les mutations nécessaires pour que le virus devienne zoonotique ne soient apparues que récemment au Moyen Orient, où les épidémies chez l’homme se sont jusqu’ici concentrées », indique le chercheur.
Mais au-delà de la menace potentielle pour la santé, une transmission à l'homme pourrait être un drame financier pour de nombreux paysans kenyans. En effet, l'élevage de chameaux et la commercialisation de lait de chamelle fait vivre beaucoup de familles. Et au vu de la demande croissante à l'echelle internationale, beaucoup se tournent vers ce secteur en plein essor pour sortir de la misère.