C’est une recommandation qui ne devrait pas plaire à tous les parents. Pour exercer les yeux des enfants, des chercheurs américains préconisent… de leur faire visionner des films.
En fait, cette méthode est proposée aux jeunes qui souffrent d’amblyopie. Ce défaut de développement visuel touche 3 % des Français. Plus connu sous le nom de « syndrome de l’œil paresseux », il se caractérise par une acuité visuelle beaucoup plus faible d’un œil, qui devient sous-utilisé. Non traité, il peut entraîner un strabisme ou empêcher la vision en 3D.
Des programmes de rééducation peuvent être proposés pendant l’enfance, notamment le port de cache-œil ou des séances chez l’orthoptiste. Cependant, de plus en plus de méthodes moins contraignantes, ou du moins un peu plus agréables, se développent.
En mars dernier, l’entreprise de jeux vidéo Ubisoft avait travaillé avec des médecins ophtalmologues canadiens sur un projet de « serious game » baptisé Dig Rush. Le jeu était conçu but pour faire travailler les yeux de ces malades de manière ludique.
Neuf heures de film
La dernière méthode proposée par l’équipe américaine de l’université de Texas Soutwestern a été publiée dans le Journal of the American Association for Pediatric Ophthalmology and Strabismus. Elle s’inspire des mêmes principes que le jeu Dig Rush. Le film est présenté de manière dichoptique, chaque œil voyant individuellement des images différentes.
Selon l’équipe, le fait de montrer un film plutôt que de faire jouer l’enfant présente l’avantage non négligeable d’être plus adapté aux tous petits. Ceux-ci se lassent moins rapidement d’un film que d’un jeu qu’ils peuvent trouver compliqué.
Huit enfants âgés entre quatre et dix ans ont été recrutés par les chercheurs. Ils ont été invités à regarder neuf heures de films dichoptiques sur deux semaines, tout en portant des lunettes 3D.
Equilibrer la vision
Pendant les films, chaque œil voyait des tâches aux formes étranges qui couvraient une partie des images. Les tâches reçues par l’œil droit étaient de forme inversée par rapport à celles reçues par l’œil gauche. Ce procédé a permis aux enfants de travailler les deux yeux simultanément.
Par ailleurs, les images reçues par l’œil « faible » étaient à plus faible contraste que l’œil « fort », afin de créer un équilibre. De quoi d’éviter que l’œil faible ne soit surpassé par l’œil fort et cesse tout exercice.
Au bout de deux semaines et de neuf heures de vidéo, les chercheurs ont observé des progrès significatifs, bien plus importants qu’en 120 heures d’exercice avec patch, d’après les chercheurs.
Une technique originale et non contraignante, qui pourrait changer les perspectives de nombreux jeunes enfants atteints de cette maladie visuelle.