C’est une somme colossale qu’ont réclamée les avocats des parties civiles. Une somme à la hauteur du préjudice causée par l’hormone de croissance contaminée, dont le procès a débuté à la Cour d’appel de Paris. 10 millions d’euros ont été réclamés aux préparateurs de l’hypophyse, le Pr Fernand Dray et le Dr Elisabeth Mugnier pour une affaire qui remeont à 30 ans.
Le Pr Fernand Dray, qui dirigeait alors l’Unité de radio-immunologie, rattachée à l’Institut Pasteur et chargée d’élaborer la poudre d'hypophyse (glande contenant l’hormone de croissance, est aujourd’hui âgé de 93 ans. Le Dr Elisabeth Mugnier, 66 ans, a assuré la collecte des hypophyses contaminée sur des cadavres. Tous deux doivent répondre de leur responsabilité dans le dossier, car ils n’étaient pas habilités à élaborer ce médicament. 1 700 enfants traités par injection à partir de prélèvements contaminés entre 1983 et 1985, 125 sont décédés. Les autres sont toujours exposés au risque de développer la maladie de Creutzfeldt-Jakob. En effet, le temps d’incubation de la maladie dépasse les 30 ans.
C’est donc le procès de la dernière chance pour les familles des victimes. Depuis la première plainte, déposée en 1991, deux procès se sont succédés, en 2008 et 2011. Tous deux ont conduit à la relaxe des accusés.
C’est au nom d’un « préjudice irréparable » que les avocats Bernard Fau et Jean-Elie Drai réclament pour les 21 parties civiles 10 millions d'euros. Dans un document écrit, consulté par l’AFP, ils réclament de 375 000 à 770 000 euros de dédommagement selon les victimes. Certaines familles ont déjà été indemnisées, au nom de la solidarité nationale, mais les avocats considèrent que la somme ne couvre pas l’ensemble des préjudices.