Depuis l’ouverture des premières banques de sperme il y a 42 ans, 50 000 à 70 000 Français seraient nés grâce à un don. Parmi eux, Audrey Kermalvezen, qui se bat pour obtenir des informations sur son père biologique, une lutte de longue haleine qui a débuté en 2009, peut-on lire sur le site de l’Express. La jeune femme, présidente de l’association Procréation Médicalement Anonyme, a saisi le Conseil d’Etat qui doit rendre ce mercredi sa décision, et peut-être remettre en question un des fondements du don qu’est l’anonymat.
Audrey Kermalvezen a 35 ans et est avocate… spécialisée dans le droit bioéthique. Quand elle apprend à 29 ans qu’elle est née grâce à un don de sperme, elle est donc bien armée pour étayer sa demande d’informations sur son père biologique auprès de l’Assistance publique hôpitaux de Paris (AP-HP). La jeune femme ne demande pas forcément une levée d’anonymat, mais d’obtenir des informations dites non-identifiantes. « Je ne considère pas mon géniteur comme un père, un membre de ma famille, mais il fait partie de moi. Ce n'est pas une quête affective, c'est juste savoir d'où je viens, qui je suis. J'aimerais savoir à quoi il ressemble », explique la jeune femme dans l’Express.
Mais depuis 2009, ses demandes n’ont jamais obtenu de réponse. Pourtant, interviewé par FranceTV Info, le Pr Jean-Philippe Wolf, chef du service de biologie de la reproduction à l'hôpital Cochin (AP-HP), assure que « toutes les informations non identifiantes peuvent être portées à la connaissance des enfants ».
Audrey Kermalvezen a porté l’affaire devant la justice, mais a été déboutée à deux reprises. Elle a donc saisi la plus haute instance juridique française, mais a d’ores et déjà prévenu que si le Conseil d’Etat la déboutait à nouveau, elle porterait l’affaire devant la Cour européenne des Droits de l’Homme.
La France fait face depuis plusieurs années à une pénurie de donneurs de gamètes. Ne plus garantir l’anonymat du don pourrait encore faire baisser le nombre de candidats. Un argument que la jeune avocate balaie d’un revers de manche : la Grande-Bretagne et la Suède ont levé l’anonymat et n’ont pas moins de donneurs que la France, selon elle.
Quelques jours après la signature d’un décret permettant aux personnes sans enfant de donner leurs ovules ou leur sperme, et d'en congeler une partie, le don de gamètes en France pourrait donc bien encore évoluer.