Huit adolescents sur 10 sont touchés par l’acné, mais tous n’auront pas besoin d’être traités. La Haute Autorité de Santé (HAS) vient de mettre à jour ses recommandations sur le traitement de cette maladie de peau. En partenariat avec la Société Française de Dermatologie (SFD), elle rappelle aux patients l’importance d’un traitement bien suivi. Et aux médecins l’importance d’écouter les demandes de leur patient.
Agir tôt
Seules deux indications nécessitent une prise en charge de l’acné. La première concerne les séquelles physiques qu’entraîne cette maladie cutanée, qui peut aboutir à une peau grêlée. La HAS recommande un traitement dès que les symptômes laissent présager des cicatrices. La seconde indication porte sur le retentissement psychosocial de l’acné. En effet, la maladie affecte directement l’image et peut devenir un véritable calvaire pour certains. Quand la qualité de vie est dégradée au point que les relations sociales sont perturbées, il est temps de traiter, juge la HAS.
Et les traitements sont légion dans le domaine de la dermatologie. Pour les acnés légères à moyennes, crèmes et gels sont à privilégier avec, en complément si nécessaire, des antibiotiques.
Mais la prise en charge s’est compliquée avec les restrictions de prescription, reconnaît la Haute Autorité de Santé. Les cas les plus sévères pourront être traités avec de l’isotrétinoïne (Curacné et autres), lorsque le risque de cicatrice est élevé.
Les règles de la pilule
Mais la HAS et la SFD mettent l’accent sur l’échange patient-médecin : sans dialogue, aucun traitement dans la durée ne peut s’envisager. Actuellement, 32 à 50 % des patients seulement suivent correctement leur prescription. Or, « il faut quelques semaines avant l’obtention d’une amélioration et le bon suivi du traitement est gage de sa réussite. » Jouer cartes sur tables dès le début s’avère donc nécessaire, particulièrement à l’initiation d’un traitement lourd. En raison des risques de malformations fœtales liés à certains traitements, un test de grossesse est imposé dans les trois jours précédant la prescription, et tous les mois au cours du suivi.
Les recommandations rappellent aussi les règles d’usage pilules contraceptives, souvent utilisées pour contrer l’acné chez l’adolescente. « Si certaines pilules contraceptives peuvent avoir un effet positif sur l’acné, on ne peut prescrire un contraceptif à une femme qui n’a pas besoin de contraception ou de ce type de contraception », tranche la HAS. Le risque thromboembolique associé aux pilules de 3e et 4e génération est à prendre au sérieux.
Le Dr Viet-Thi Tran, médecin généraliste à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) contacté par Pourquoidocteur, se félicite de cette précision. Jusqu'ici, les médecins évoluaient dans une zone d'ombre concernant la prise en charge des patientes. « Ce qui change le plus pour nous, c’est la clarté du message par rapport à l’utilisation des pilules de 3e et 4e génération. C’est un traitement de dernier recours et en aucun cas le fait qu’une jeune femme ait de l’acné ne doit inciter le médecin à changer la contraception, juge-t-il. Je pense que c’est un message très important car il n’était pas aussi évident, alors que le risque thromboembolique des pilules est plus élevé que pour les pilules de 2e génération. »
Diane 35, un anti-acnéique qui possède des propriétés contraceptives, est à réserver en dernière intention, si l’acné « persiste malgré un traitement dermatologique bien conduit, en concertation avec la patiente et un gynécologue, et en tenant compte des caractéristiques de la femme, concernant notamment le risque thromboembolique. »