La Syrie, plongée dans une guerre civile depuis plus de quatre ans, fait face à une épidémie de choléra qui pourrait traverser les frontières. Les craintes émises par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) en début d’année se confirment sur le terrain, selon des éléments rapportés par la presse britannique.
Un enfant décédé
En février, l’agence onusienne alertait en effet sur les forts risques épidémiques dans le pays. Cette fois, c’est la Syrian American Medical Society (Sams), la plus grande ONG encore présente sur le sol syrien, qui s’exprime dans les colonnes du quotidien The Independent pour décrire une situation alarmante.
Au cours du conflit, les infrastructures sanitaires se sont effondrées, les hôpitaux ont été anéantis. Le système de santé est en berne et la population n’a plus accès aux soins de base. Dans ce contexte délétère, l’épidémie pourrait se propager comme une traînée de poudre, à l’intérieur et au-delà des frontières syriennes.
Un enfant de cinq ans est mort cette semaine dans la province d’Alep, « très probablement » des suites de la maladie, selon l’ONG, qui a eu confirmation du diagnostic auprès de l’OMS.
80% des patients asymptomatiques
« Ca se répand si facilement, prévient le Dr Ahmad Tarakji, président de la Sams. Les personnes se déplacent à l’intérieur et en dehors du pays, elles vont en Europe. Un très grand nombre de personnes pourraient être exposées. Historiquement, c’est une maladie qui affecte les populations déplacées ».
Une situation d’autant plus préoccupante que 80 % des porteurs du virus ne développent aucun symptôme de l’infection. Au final, « personne ne saura qui est contaminé », ajoute le médecin de l‘ONG.
Actuellement, quatre millions de Syriens ont fui la guerre et se sont réfugiés dans un autre Etat (dont 95% en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Irak et en Egypte, selon un rapport d’Amnesty International daté de juin 2015). A l’intérieur du pays, on dénombre huit millions de déplacés.
Craintes d’une épidémie internationale
Les conditions dans lesquelles vivent ces victimes collatérales de la guerre favorisent la propagation du choléra, une maladie qui affecte en particulier les enfants. A l’intérieur de la Syrie, l’accès à l’eau potable se raréfie, en particulier dans les zones contrôlées par les rebelles où les stations d’épuration peinent à fonctionner. Sur les routes de l’exil, les réfugiés ne trouvent ni eau ni toilettes propres.
Cette alerte fait suite à celle lancée par le gouvernement irakien, qui a déclaré l’état d’épidémie le 15 septembre. Le dernier bilan de l’OMS fait état de 1263 cas confirmés, dont six décès, dans quinze gouvernorats du pays.
Or, le contexte actuel n’augure rien de bon. Cet été, faute de fonds, l'ONU a annoncé la suspension de 184 services de santé en Irak. Dans un communiqué de presse, l’instance précise que « cette situation financière a déjà conduit à réduire les rations alimentaires pour un million de personnes ». Près du tiers des programmes liés à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène ont été fermés et 500 000 enfants pourraient ne pas être immunisés.
La semaine dernière, Dominique Legros, en charge du choléra à l’OMS, a exprimé ses craintes de voir l’épidémie de choléra « se propager dans le Moyen-Orient, en Syrie et dans les camps de réfugiés ».