« Nous l’avons entendue, nous ne sommes pas autiste ». Cette phrase, prononcée par David Pujadas à propos de Marine Le Pen, qui a annulé sa venue sur le plateau de l’émission Des Paroles et des Actes sur France 2, a suscité l’indignation de SOS Autisme.
L’association, qui soutient les familles des personnes autistes et lutte contre la discrimination à leur égard, n’a pas apprécié de voir des références au trouble autistique employées à tort, de manière particulièrement péjorative.
La présidente de SOS Autisme, Olivia Cattan, a donc écrit une lettre ouverte au journaliste star de France 2 pour lui signifier que ses propos étaient déplacés. Elle les qualifie même de « préjudiciables pour de nombreuses familles et personnes autistes parce que les mots ont leur importance, qu’ils construisent la pensée et qu’ils sont révélateurs parfois d’un grand nombre de préjugés ». Elle propose également à David Pujadas de venir rencontrer des enfants autistes dans les prochains jours, pour se rendre compte de la réalité qu'ils vivent.
Un trouble méconnu
SOS Autisme se désole par ailleurs que ses campagnes de sensibilisation n’aient pas encore réussi à faire évoluer les perceptions, au point que même un journaliste réputé, pour qui le choix de termes exacts fait partie du quotidien, utilise encore l’image de l’autisme de manière irrespectueuse.
« Depuis des années, rappelle Olivia Cattan, le mot "autiste" est employé à tort et à travers, devenant peu à peu une insulte. » Et la présidente de rappeler plusieurs précédents comme celui Jean-Louis Borloo : « le gouvernement est passé de l’inaction politique à l’autisme », ou celui de Laurent Wauquiez « le président Hollande ne doit pas rester autiste », en passant par ce lui d'Alain Minc qui parlait de « patrons autistes ».
Cette situation est jugée d’autant plus alarmante par l'association que l’autisme affecte un très grand nombre de Français mais que le trouble reste très méconnu. 650 000 personnes seraient atteintes dans l’Hexagone, mais lorsqu’on les interroge, les Français situent ce chiffre à 50 000.
Par ailleurs, un tiers d’entre eux pense, à tort, qu’il s’agit d’une maladie psychologique. Et, pour SOS Autisme, les clichés véhiculés par le discours de David Pujadas n’aident renforcent cette tendance.