L’arrêt maladie favoriserait-il la précarité ? Les personnes qui se font arrêter à cause d’un problème de santé se retrouvent plus souvent au chômage ou en inactivité dans l’année qui suit. C’est le résultat d’un rapport de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), parue ce 27 octobre. Elle montre que les femmes sont particulièrement touchées par les conséquences d’un arrêt maladie.
Le risque augmente avec la durée
Les indemnités journalières pèsent lourd dans le budget de la Sécurité sociale. En 2014, elles ont représenté une somme de 7,3 milliards d’euros. Mais elles ne pénalisent pas que les comptes de l’Assurance maladie. Les arrêts maladie ont aussi « un effet pénalisant » sur les trajectoires professionnelles. 11 % des hommes et 15 % des femmes qui ont dû se faire arrêter étaient inactifs ou au chômage l’année suivant leur congé maladie. C’est deux fois plus que la population générale.
« Le risque de chômage, et dans une moindre mesure, d’inactivité consécutif à des arrêts longs ne s’explique pas uniquement par la moindre qualité de l’emploi des personnes en mauvaise santé, analysent les auteurs. Même lorsque ces caractéristiques sont prises en compte, les effets pénalisants des arrêts de travail demeurent. » Et plus l’interruption pour problème de santé dure, plus le risque de se retrouver sans emploi est élevé, les femmes étant là aussi plus durement touchées.
La crainte du retour au chômage
Cette surreprésentation féminine reflète les difficultés des actives sur le marché du travail : elles s’insèrent difficilement dans les différents secteurs, accèdent à des qualifications de plus faible niveau avec des salaires moins élevés. Le paradoxe est tel que les retours de congés maternité sont plus souvent suivis d’un maintien de l’emploi que les arrêts maladie.
Cette étude de la Drees soulève un autre paradoxe. L’arrêt maladie aurait tendance à précariser. En revanche, après une période de chômage, les salariés y recourent moins : ils ne sont que 15 %, contre 18 % parmi les actifs employés pendant deux ans consécutifs. « Ce résultat semble étayer l’hypothèse d’un lien entre insécurité de l’emploi et comportements de recours aux arrêts de travail, estiment les auteurs. Il peut traduire l’existence d’un présentéisme accru parmi les salariés nouvellement embauchés, c’est-à-dire une propension plus forte à travailler en étant malade. »
Il faut aussi souligner que dans le privé, les conditions d’indemnisation sont particulièrement difficiles. L’Assurance maladie impose une durée de cotisation minimale et une durée de carence de trois jours – que toutes les complémentaires santé ne couvrent pas. Sans compter que les anciens chômeurs peuvent tout simplement, avec le retour à l’emploi, se sentir en meilleure santé qu’avant.