C'est dans une ambiance tendue que le Conseil National de l'Ordre des Médecins (CNOM) se réunissait en Congrès ce jeudi à Paris. Dans son discours de clotûre, le Dr Patrick Bouet, président du CNOM, s'est même emporté contre ses confrères. En évoquant l'absence de la ministre de la Santé, le médecin n'avait pas prévu les sifflets réservés à Marisol Touraine.
Pour contenir la colère des médecins, toujours vent debout contre le projet de loi Santé, Patrick Bouet a dû donner de la voix exigeant « du respect et du contrôle à l'égard de la responsable politique ». Conscient du malaise dans la profession, il a cependant terminé son discours avec ces mots « Monsieur le Premier ministre ne nous décevez pas ».
La tentative de reconquête de Manuel Valls
A la tribune, Manuel Valls s'est employé à reconquérir le coeur des praticiens. « Etre médecin, c'est plus qu'un métier, c'est assumer un rôle social de premier ordre », a-t-il assuré.
Il a ensuite tenu à adresser un message de « profonde reconnaissance, et de profonde gratitude, à des professionnels qui, non seulement soignent, mais aussi accompagnent les patients, les écoutent, et entretiennent avec eux une relation particulière, personnelle et intime ».
Puis, le Premier ministre a abordé les sujets qui fâchent. En assumant ses choix politiques comme le tiers payant généralisé (dispense d'avance des frais chez le médecin), suscitant quelques remous dans la salle.
A l'instar de François Hollande dans le passé, Manuel Valls a toutefois répété que le système « devra être simple, c'est notre engagement ». Même garantie sur les délais de paiement des médecins.
Enfin, Manuel Valls a souhaité ne pas trop brusquer l'assistance en indiquant que la mise en place du tiers payant généralisé sera progressive. « Il permettra à davantage de Français, ceux qui n'avaient pas les moyens d'avancer les frais de leur consultation, d'avoir accès aux soins », a-t-il ajouté.
Des désaccords à venir sur les tarifs médicaux
Douche froide également pour les praticiens lorsque Manuel Valls a affirmé qu'il n'était pas souhaitable que les prochaines négociations conventionnelles soient « uniquement un moment tarifaire, déconnecté du contexte ». Celui, par exemple du déficit abyssal de l'Assurance maladie sur lequel il est revenu.
Le Premier ministre n'a pas hésité à annoncer que sur les tarifs médicaux, « il y aura (également) des désaccords ». « Mais là aussi, nous resterons ouverts au dialogue et à la concertation », a-t-il nuancé.
Les syndicats médicaux qui réclament une consultation à 30 euros pour certains (CSMF), 48 pour d'autres (SML), ne vont sans doute pas tarder à réagir à ces propos. Face à un discours gouvernemental sans aucun changement, les représentants seront peut-être moins enclin à dialoguer. Pour rappel, un mouvement de blocage sanitaire aura lieu à la mi-novembre, date du vote du Projet de Loi Santé à l'Assemblée Nationale.