Aux dernières nouvelles, il était encore « entre la vie et la mort ». Le Dr Nicolas Bonnemaison, condamné il y a une semaine en appel à deux ans de prison avec sursis, pour un seul des sept cas d'euthanasie pour lesquels il était poursuivi, a tenté de se donner la mort ce samedi.
Il aurait avalé des médicaments et tenté de s'asphyxier avec des gazs d'échappement détournés dans l'habitacle de son véhicule. Retrouvé inanimé dans la voiture par deux promeneurs, il a été pris en charge en urgence au CHU de Bordeaux. A ses côtés, une lettre pour expliquer son geste, qui d'après des sources judiciaires, soulignent sa fatigue de la vie, suite au procès.
L'ex-urgentiste était pourtant apparu combattif à la Cour d'assises de Maine-et-Loire, où a été prononcé le verdict de sa condamnation avec sursis. Celle-ci intervenait plus d'un an après son premier procès, où il avait été acquitté pour tous les cas d'empoisonnement sur des patients âgés incurables.
D'après ses avocats, si cette bataille judiciaire a été éprouvante, le Dr Bonnemaison n'était pas surpris de la condamnation avec sursis, et se disait soulagé au sortir du procès.
Radié de l'Ordre des médecins
Sa tentative de suicide n'en apparait que plus choquante pour ses proches, et pour la communauté médicale, pourtant divisée sur le débat de la fin de vie.
D'après le Pr Roland Coutanceau, le psychiatre mandaté par la justice qui a examiné Nicolas Bonnemaison, la décision de la Cour d'assises n'est sans doute pas ce qui l'a poussé au suicide. Interrogé par le JDD, ce praticien explique que c'est sa radiation de l'Ordre des Médecins qui l'a le plus affecté.
Interdit de pratiquer la médecine par ses pairs depuis juillet 2014, le Dr Bonnemaison avait décidé, après la décison de justice de la semaine dernière, de saisir la Chambre disciplinaire de l'Ordre pour demander une révision. Toutefois, le Pr Coutanceau estime que Nicolas Bonnemaison ne croyait sans doute pas à une décision favorable, et cela a sûrement contribué à son désespoir.
Le Dr Bonnemaison aurait aussi eu à gérer des difficultés financières importantes, entre les frais de justice, et les 30.000 euros de dommages et intérêts à la famille de la patiente décédée que la Cour d'Assises l'a condamné à verser, en plus des deux années de sursis.