Annoncée en grande pompe en octobre 2012 et réaffirmée récemment à l’occasion des 70 ans de la sécurité sociale, la généralisation de la complémentaire santé à tous les salariés au 1er janvier 2016 bat de l’aile.
D’abord, de nombreux Français s’interrogent sur les conséquences concrètes du passage d’un contrat individuel à une couverture complémentaire collective négociée par l’entreprise. Ils redoutent, à juste titre, que l’engagement « du contrat responsable » signé par les employeurs risque de réduire le niveau des prestations prises en charge par les complémentaires.
En clair, pour les lunettes, les dents ou les tarifs pratiqués par les médecins exerçant en secteur 2, les remboursements des complémentaires seront plafonnés.
Mais surtout, à deux mois de l’application de cette mesure, le nouveau dispositif tient, à bien des égards, du rafistolage. A tel point que la puissante Mutualité française, alliée naturelle du gouvernement sur cette réforme, s’offre ce matin une page dans les quotidiens pour mettre en garde le usagers : « Un projet de loi s’apprête à mettre à mal le principe d’origine de notre sécurité sociale : "je cotise en fonction de mes moyens, je reçois en fonction de mes besoins" ».
Présentée dans le cadre du budget 2016 de la Sécu et examinée mercredi en commission au Sénat, la mesure portant sur les contrats des 65 ans et plus fait hurler la Mutualité, explique Guillaume Guichard dans le Figaro. Ils devraient bénéficier d’une taxation réduite sur la base de plusieurs critères, dont le prix.
« Ce critère, le seul parfaitement objectivable, pourrait favoriser de nouveaux acteurs offensifs sur le marché, comme les bancassureurs (Crédit agricole Pacifica ou La Poste), aux dépens des… mutuelles », analyse le journaliste.
Un meilleur prix pour les seniors induit de facto des prestations revues à la baisse pour cette population et, par compensation, une facture plus lourde pour les jeunes générations, rétorque la Mutualité. Le principe de la solidarité volerait, alors, en éclats. Et le quotidien d’enfoncer le clou : « S’il reste en l’état, le contrat senior pourrait donc porter un coup mortel aux mutuelles ».