Les fumeurs se voient comme des lépreux, des parias à cause des campagnes anti-tabac. Un effet contre-productif, à en croire une revue d’études publiée dans le journal Social Science & Medicine. Des emballages qui culpabilisent, des spots vidéo ou audio pas toujours positifs s’accumulent, ce qui finit par nuire au message final : arrêter de fumer, c’est bon pour la santé.
« Fumer tue », affichent les paquets de cigarettes. Les tranches des emballages entrent dans le détail. S’y ajoute une société souvent désapprobatrice. Un cocktail détonnant puisque selon cette revue d’études, 30 à 40 % des fumeurs se disent victimes de la vindicte familiale ou populaire, résume Sara Evans-Lacko, qui co-signe cette publication. Ils sont même 27 % à se déclarer traités différemment à cause de leur statut tabagique. « Les stéréotypes auxquels les fumeurs font face sont négatifs de manière presque universelle », .
Les femmes sont particulièrement concernées. Ainsi, les Pakistanaises et les Bangladeshies sont perçues comme « honteuses » et « souillées » par le tabac, tandis que les hommes de même culture sont simplement des « machos ».
Isolés, stressés
Une véritable discrimination à laquelle les fumeurs réagissent par l’agressivité et une position défensive. « Les conséquences de ces stéréotypes vont d’une augmentation des intentions de se sevrer à un stress accru en passant par plus de résistance face à l’arrêt du tabac », poursuit Rebecca Evans-Polce, co-auteur de la revue. Sur la réserve, les fumeurs émettent moins souvent le désir de s’arrêter et font plus souvent des rechutes. Plus isolés, ils sont également plus stressés.
Cet effet contre-productif de la stigmatisation, le ministère français de la Santé l’a visiblement bien compris. En septembre 2015, l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé (Inpes) a lancé une nouvelle campagne de lutte contre le tabagisme. Dans ses nouveaux spots, l’agence joue la carte de l’accompagnement et de la valorisation. Tirer les fumeurs vers le haut plutôt que de les culpabiliser en somme.