Sensibiliser les hommes au sujet des maladies mentales : c’est le volet moins connu de la campagne Movember en faveur de la santé masculine, qui a lieu chaque année au mois de novembre.
Movember a fait son entrée en France en 2012, et s’est fait connaître avec des actions symboliques fortes, par exemple en incitant les hommes à se faire pousser la moustache, afin de récolter des fonds pour la recherche sur le cancer de la prostate et des testicules.
Cette initiative originale a eu l’effet escompté, puisque les dons ont été multipliés par cinq en deux ans. Toutefois, elle en a parfois fait oublier les autres combats de la fondation Movember, notamment celui qui vise à renforcer le soutien psychologique et la lutte contre les suicides des hommes.
Taux de suicide élevez chez les hommes
Avec plus de 11 000 décès et 200 000 tentatives par an, la France est particulièrement touchée par le fléau du suicide. Le taux de mortalité est particulièrement élevé chez les hommes. L’Observatoire National du suicide, mis en place par la ministre de la santé Marisol Touraine en 2013, a publié l’an dernier son premier rapport sur le sujet en partenariat avec l’Institut de veille sanitaire.
Les différences entre les sexes y apparaissent très marquées. Ainsi, le taux de décès par suicide pour les hommes est de 27,7 morts pour 100 000 habitants contre 8,1 pour les femmes. Cela correspond à 21 décès masculins par jour en moyenne. Les femmes sont en revanche plus nombreuses à faire des tentatives de suicide, et représentent plus de 60 % des hospitalisations de personnes ayant tenté de se donner la mort.
Les moyens utilisés pour se suicider varient également fortement. Les hommes ont recours à la pendaison dans 58 % des cas et aux armes à feu dans 17 %. A titre de comparaison, les femmes sont retrouvées pendues dans 37 % des cas, mais sont près de 28 % à choisir les médicaments. Une arme qui n’est utilisée « que » par 10 % des victimes masculines.
Projets innovants
Prendre en compte ces inégalités face au suicide, et accompagner les hommes, qui ont parfois plus de mal à s’adresser à des spécialistes en cas de difficultés psychologiques, constitue une priorité pour les organisateurs de Movember. Alors que la dépression compte parmi les facteurs de risque plus importants, sensibiliser sur cette maladie fait donc partie des objectifs que le « mois de la moustache » poursuit.
Les fonds récoltés pendant la campagne pourraient soutenir différents projets. Ceux qui encouragent les hommes à discuter de santé mentale en dehors des structures sanitaires et à rompre l’isolement dans lequel ils peuvent se trouver, mais aussi à développer des nouveaux modèles innovants de prise en charge psychologique, sont particulièrement mis en avant.