Les nombreux départs en retraite des praticiens hospitaliers (PH) se sont fortement accentués ces dernières années à l'hôpital public. De ce fait, les postes vacants affectent particulièrement certains territoires et certaines spécialités. Face à ce constat, Marisol Touraine a répété ce lundi qu'il y avait « urgence » à donner un nouvel élan à l'hôpital.
Pour y arriver, la ministre de la Santé a annoncé un plan en faveur de l'attractivité médicale à l'hôpital, dont le coût entre 2016 et 2019 est estimé pour les établissements à 250 millions d'euros. Ce programme ambitieux, élaboré à partir des préconisations du Sénateur Jacky Le Menn, se résume en 12 engagements pour inciter en particulier les plus jeunes à embrasser cette carrière. Ils seront mis en œuvre dès le début de l’année 2016, avec le déploiement de la Loi Santé.
Une prime d'engagement pour 3 000 praticiens
Pour favoriser l’engagement dans la carrière médicale hospitalière, la ministre veut d'abord accompagner chaque jeune praticien dans ses choix d’orientation professionnelle. Elle va ainsi garantir aux assistants et aux praticiens contractuels, souvent plus jeunes, les mêmes droits sociaux (maternité, maladie...) qu’aux titulaires.
Et Marisol Touraine ne s'arrête pas là. La ministre a annoncé la création d'une prime d’engagement pour encourager 3 000 praticiens à exercer, d’ici 2018, dans les hôpitaux qui manquent de professionnels médicaux. « Cette prime sera significative et attractive », a-t-elle promis lors d'une allocution.
Ces jeunes bénéficieront également d'une accélération de carrière.
« Au bout de cinq ans d’exercice, ces mêmes jeunes praticiens bénéficieront d’une bonification de carrière de deux ans. Concrètement, au bout de 5 ans, ils auront 7 ans d’ancienneté », a poursuivi la locataire de l'avenue Duquesne.
Une prime pour exercer sur plusieurs sites
De plus, Marisol Touraine a aussi pensé aux PH déjà en place. Elle a insisté sur sa volonté de fidéliser les professionnels qui exercent à l’hôpital en favorisant leur implication dans les projets médicaux de territoire. Pour cela, elle a annoncé là encore la création d'une prime d’exercice territorial destinée à encourager l’exercice sur plusieurs sites. Celle-ci permettra à 15 000 praticiens de diversifier leurs missions.
Enfin, le ministère de la Santé annonce qu'il va permettre aux praticiens ayant atteint l’âge de la retraite de poursuivre leur activité, sur la base du volontariat et avec accord de l’établissement. Ceux-ci pourront donc prolonger leur activité jusqu’à 70 ans et le cumul emploi-retraite sera possible jusqu'à 72 ans.
Les sources d'économies
Ces mesures pour attirer de nouveaux médecins sont aussi accompagnées de sources d'économies. Parmi elles, le plafonnement des dépenses engagées pour les missions d’intérim à l'hôpital. Le but avoué, mieux réguler les pratiques de mercenariat. « Celles-ci, en période de tensions démographiques aiguës, se révèlent extrêmement coûteuses pour les établissements contraints d’y avoir recours et délétères au sein des communautés médicales », écrit la ministre dans son plan.
A partir d’extrapolations réalisées sur une région, Le Parisien a estimé dans le passé que la facture de l'intérim pour le millier d’hôpitaux publics s’élèverait à 640 M€. Et si les remplaçants étaient payés au tarif classique, le montant des économies serait compris entre 480 et 510 M€. Une somme supérieure aux 435 M€ de déficit des hôpitaux en 2012.