Les boissons sucrées sont à consommer, comme l’alcool, avec modération. Elles sont en effet associées à un risque accru d’insuffisance cardiaque. C’est la conclusion d’une étude publiée dans le journal Heart. Deux verres quotidiens suffisent pour observer un lien, expliquent les auteurs suédois de ces travaux.
Pour parvenir à ces conclusions, l’équipe du Karolinska Institutet a parcouru les dossiers de 42 000 hommes (45-79 ans) vivant dans deux comtés de Suède, avec un suivi réalisé entre 1998 et 2010. Chaque participant a détaillé sa consommation moyenne de 96 aliments et boissons au cours de l’année précédente via un questionnaire.
Risque relatif accru de 23 %
Aucune distinction n’a été établie entre les boissons contenant des sucres naturels ou des édulcorants de synthèse – un flou que pointent les Prs Miguel Martínez-González et Miguel Ruiz-Canela dans un éditorial. La forte consommation de boissons sucrées est généralement un indicateur de mauvaises habitudes alimentaires, expliquent-ils. Cet élément est probablement plus déterminant que tout autre dans le développement d’une maladie cardiovasculaire.
Au cours de l’étude, sur les 3 600 cas d’insuffisance cardiaque diagnostiqués, 509 ont été fatals. Pour les consommateurs de boissons sucrées ou édulcorées, le risque relatif était accru de 23 %, même en prenant compte des facteurs de risque comme le diabète. Une association confirmée par une analyse approfondie. Pour expliquer cette relation, les auteurs évoquent plusieurs mécanismes sur le cardio-métabolisme. En effet, les boissons sucrées ont un effet délétère sur la pression artérielle, la production d’insuline et de glucose, de protéine C-réactive – synthétisée par le foie après une inflammation de l’organisme – et sur la prise de poids.
Consommation occasionnelle
Autant de facteurs qui favorisent le syndrome métabolique, le diabète ou encore les maladies coronaires. « L’association bien connue entre les boissons sucrées et l’obésité, ainsi que le diabète de type 2, qui sont des facteurs de risque d’insuffisance cardiaque, renforce la plausibilité biologique des résultats des auteurs, soulignent les Prs Miguel Martínez-González et Miguel Ruiz-Canela. Au vu de ces résultats, le meilleur message à véhiculer pour une stratégie préventive serait de recommander une consommation occasionnelle de boissons sucrées ou de les éviter tout simplement. »
Ces résultats doivent toutefois être envisagés avec prudence, ne serait-ce que parce qu’ils portent sur une population restreinte : des hommes blancs d’âge mûr. Ils ne peuvent pas forcément être étendus aux femmes ou à d’autres origines ethniques.