« Le constat est clair : il y a urgence à donner un nouvel élan à l’attractivité de l’exercice hospitalier ». Ce sont les mots prononcés ce lundi par Marisol Touraine, ministre de la Santé, lors de la présentation de son plan ambitieux (250 millions d'euros) pour inciter en particulier les plus jeunes à embrasser cette carrière. Car aujourd'hui, les raisons de l'hémorragie à l'hôpital public sont multifactorielles. Avec toujours le même constat, la pénurie de praticiens hospitaliers (PH) dans certains service s'accentue, faisant craindre le pire pour la sécurité des soins dans l'avenir.
30 % des médecins bientôt en retraite
Les 12 propositions du gouvernement pour redorer le blason de l'hôpital ont été élaborées à partir des préconisations du Sénateur Jacky Le Menn. Dans ce texte, l'ancien directeur du centre hospitalier de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) s'inquiète du creux démographique, lié aux nombreux départs en retraite des praticiens hospitaliers. Il s’est « fortement accentué » ces dernières années, déplore-t-il.
Entre 2015 et 2020, selon les diverses études et projections connues, près de 30 % du corps des PH devraient partir à la retraite. Il s’agit des « baby boomers » nés entre 1946 et 1951.
Pour ralentir cette hémorragie, Marisol Touraine a décidé d’allonger temporairement la durée maximale de la prolongation d’activité, afin de permettre un exercice jusqu’à l’âge de 72 ans dans certaines conditions.
La tentation du privé
Dans son discours de présentation, Marisol Touraine est aussi revenue sur « la vive concurrence » entre le secteur public et le secteur privé. « Elle concerne autant le niveau des rémunérations que les conditions d’exercice ou la protection sociale », a-t-elle précisé.
A l'avenir, elle va donc garantir aux assistants et aux praticiens contractuels, souvent plus jeunes, les mêmes droits sociaux (maternité, maladie...) qu’aux titulaires. La ministre a aussi annoncé la création d'une prime d'engagement pour attirer 3 000 jeunes, d’ici 2018, dans les hôpitaux qui manquent de professionnels médicaux.
De plus, en octobre 2014, le JDD soulignait que ce désamour envers l'hôpital public ne touchait pas que les jeunes médecins. L'hebdomadaire titrait même sur une « hémorragie de talents » dans les établissements de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
L'hebdomadaire avançait qu'en 2013, selon la direction de l'AP-HP, 24 professeurs ont présenté leur démission. C'est très peu, rapporté à l'effectif global d'environ 1 800 membres, mais c'est deux fois plus qu'en 2009. « Les grands professeurs, c'est la recherche qui les motive. Ils veulent inventer la médecine de demain. Il faut les retenir par le cœur », avertissait un ancien directeur.
D'après les professeurs de renom interrogés dans cet article, « le privé se modernise aujourd'hui plus vite que que les CHU parisiens », qui n'ont donc plus le monopole de la médecine de pointe.
Des situation de burn-out
Enfin, le malaise des praticiens à l'hôpital, c'est aussi le moral des troupes qui est au plus bas. La surcharge de travail et le manque de reconnaissance qui touchent certaines spécialités (anesthésistes, urgentistes, internes, etc) finissent souvent par un burn-out , c'est-à-dire un syndrome d'épuisement professionnel.