Même dans le traitement de l'acné, les antibiotiques, ce n'est pas automatique. Ce qui n'empêche pas beaucoup de médecins de les utiliser. Plus inquiétant : il leur faut de longs mois avant qu'ils ne se rendent compte de l'inutilité de cette approche, selon une étude parue dans le Journal of the American Academy of Dermatology. Ses auteurs s’alertent d’une prise en charge peu adaptée.
6 mois à 1 an sans effet
Dans l’acné sévère, l’isotrétinoïne peut et doit être utilisée. La Haute Autorité de Santé l’a rappelé dans ses dernières recommandations. Les antibiotiques, eux, sont à éviter, en France comme aux Etats-Unis. Les médecins ne sont visiblement pas au courant de ces textes. L’analyse des dossiers médicaux de 137 jeunes Américains (12 ans et plus), souffrant d’acné sévère et présentant notamment des kystes, a révélé que le chemin est long avant de se tourner vers la référence : l’isotrétinoïne (Curacné et ses dérivés).
Deux tiers des patients sont restés plus de 6 mois sous antibiotiques, sans effet, avant que leur médecin ne choisisse d’arrêter cette approche. Pour 33 %, l’antibiothérapie dure même un an avant que le médecin ne se tourne vers une autre option. Un délai beaucoup trop long. « Notre étude suggère que les médecins doivent se rendre compte dans les semaines, et non les mois, suivant le début du traitement, que les patientes souffrant d’acné sévère ne répondent pas au traitement antibiotique », martèle Seth Orlow, principal auteur de l’étude et professeur de dermatologie pédiatrique.
L'antibiorésistance menace
A ce retard, les chercheurs avancent plusieurs explications. La principale réside sans doute dans les contrôles très stricts mis en place à l’initiation du traitement par isotrétinoïne, un traitement à l’origine de malformations fœtales et soupçonné d’augmenter le risque d’événements psychiatriques. En France, un suivi est imposé aux femmes sous traitement : un test de grossesse négatif est exigé à la première prescription et à chaque renouvellement mensuel. Un suivi psychologique est également réalisé.
Le traitement antibiotique peut être très efficace, mais seulement dans certaines formes d’acné inflammatoire. Et si changer d’antibiothérapie est monnaie courante, cette approche n’est pas sans risque, notamment pour la résistance des organismes face à ces médicaments.
« Les médecins et les patients sont bien trop complaisants par rapport à la sur-utilisation des antibiotiques et ses dangers sur la résistance microbienne », déplore Seth Orlow. Un problème accru par les interruptions de traitement, lorsque les patients changent de médecin notamment.