C’était une annonce très attendue : le don de sang sera bel et bien ouvert aux homosexuels. Dès le printemps 2016, ce geste sera autorisé aux hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH). Cette modification de la réglementaton était un véritable cheval de bataille pour la ministre de la Santé. Dans un entretien au journal Le Monde, Marisol Touraine développe les conditions qui seront mises en place pour ouvrir le don à cette population.
« On ne pourra plus être exclu du don du sang en raison de son orientation sexuelle », se félicite-t-elle. Elle répète, presque mot pour mot, l’amendement au projet de loi de santé adopté à l’unanimité par l’Assemblée nationale en avril 2015. Le sujet fait consensus dans le milieu politique, et la ministre veut accélérer le calendrier.
De 4 à 12 mois d'abstinence
A partir du printemps 2016, le don du sang sera élargi en plusieurs étapes. Dans un premier temps, explique la ministre, seuls les HSH qui sont restés abstinents pendant un an pourront donner leur sang. La France suit donc le sillage du Japon, de l’Australie, des Etats-Unis et du Royaume-Uni. Un délai considérable, mais qui permet d’éliminer le risque de don contaminé. En effet, il existe une « fenêtre silencieuse » de 12 jours, durant laquelle le VIH n’est pas détectable dans le sang.
La contrainte sera réduite pour les dons de plasma : les HSH en couple stable depuis quatre mois, ou abstinents au cours de cette période, pourront effectuer un don. Ce délai plus court s’explique par le fait que le plasma peut faire l’objet d’un traitement qui inactive les éventuels virus. Ce n’est pas le cas pour les globules rouges.
Le questionnaire sera modifié
Dans l’entretien, Marisol Touraine réaffirme son désir de lancer des études sur la sécurité du don de sang des homosexuels. « Les premiers dons nous permettront de réaliser des études et, s’il n’y a pas de risques, les règles qui s’appliquent aux homosexuels seront rapprochées des règles générales l’année qui suit », explique-t-elle.
Toujours dans cette optique de sécurité, les questionnaires seront bel et bien retravaillés, comme annoncé en mars 2015. Ils préciseront « les conditions pour les homosexuels, mais également pour les hétérosexuels ayant des pratiques à risques, par exemple avec des prostituées. » Un détail qui n’est actuellement pas mentionné.
#dondusang le questionnaire évoque toujours les #HSH. D'après @MarisolTouraine ça devrait changer. @EFS_Officiel pic.twitter.com/CQsfcQuLcj
— Audrey Vaugrente (@audreyvaugrente) 21 Juillet 2015
Quelles règles à l’étranger ?
Pour le moment, 9 pays ont autorisé le don de sang aux homosexuels. Le délai d’abstinence avant un don est pour le moins variable. Deux Etats ont opté pour le très long terme, avec 5 ans sans relation sexuelle au Canada et en Nouvelle-Zélande. Le Portugal se montre progressiste et impose les mêmes réglementations aux différentes orientations sexuelles. En Italie et en Espagne, la poire est coupée en deux, avec respectivement 6 et 4 mois d’abstinence. Mais le modèle le plus suivi, c’est celui de l’année d’abstinence, que suivra la France. Il a été adopté par le Japon, l’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis.