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Rapport 2015 de l'OCDE

Médicaments : la France ne consomme pas plus que les autres pays

Par Léa Surugue

D'après l'OCDE, la France consomme moins de médicaments que ses voisins. Toutefois, l'arrivée sur le marché de traitements très chers pourrait augmenter les dépenses.

(Uncredited/AP/SIPA)

Finalement, les Français ne sont pas les champions du monde des dépenses de santé. Un rapport de l’OCDE paru ce mercredi revient sur certaines idées reçues sur l’industrie pharmaceutique, la consommation de médicaments et le budget santé des pays membres de l’organisation.

En moyenne, les dépenses de santé réalisées par les différents pays s'élèvent à 8,9 % de leur PIB. La France n’est que légèrement au-dessus, à 10,9 % du PIB. Toutefois, ce système pèse peu sur les finances personnelles des Français en comparaison aux autres pays. Seules 7 % des dépenses restent à la charge des patients, contre 20 % en moyenne dans l’OCDE.

 

Prix des médicaments

Le montant annuel dépensé par personne dans l’Hexagone, pour l’achat de médicaments, est proche de ce qui se fait dans les autres pays. Un Français dépensera l’équivalent de 596 dollars (547 euros) sur l’année, soit 96 dollars (88 euros) de plus que la moyenne annoncée dans le rapport.

Et, contrairement aux clichés souvent véhiculés sur le pays, les Français consomment moins de médicaments que les autres. Sur les antidépresseurs, ils sont bien loin d’être les premiers consommateurs, et sont en dessous de la dose moyenne de 58 unités de médicaments, définie pour 1 000 habitants. De même pour les médicaments contre la tension ou les statines : la France fait partie des dix pays qui consomment le moins.

 

 

 

Risque d’explosion

L’OCDE explique que le passage de certains brevets dans le domaine public, pour certains médicaments, a permis de ralentir la hausse des prix pratiqués par l’industrie pharmaceutique. Or, en France, le marché des génériques est encore peu développé. Ces derniers ne représentent que 30 % des médicaments vendus, contre 48 % en moyenne dans l'OCDE. Une tendance qui explique peut-être pourquoi les Français dépensent un peu plus que la moyenne pour leurs médicaments.

Sur le long terme, la conjoncture favorable aux consommateurs, avec une hausse limitée des prix, pourrait s'inverser. L’Organisation met surtout en garde contre la possible augmentation des dépenses, en raison de l’arrivée sur le marché de nouveaux traitements hyper-spécialisés, très onéreux, pour des maladies graves.

La polémique fait déjà rage sur le prix du traitement de certains cancers, en particulier aux Etats-Unis. Entre le début des années 2000 et maintenant, le prix médian d'un traitement pour le cancer y a doublé, passant de 5 000 à 10 000 dollars. Quant aux prix des traitements contre l'hépatite, ils ont été multipliés par six au cours des deux dernières décennies.

Les auteurs du rapport estiment que cette tendance va s'accentuer dans les années à venir, d'autant qu'avec le vieillissement de la population, de plus en plus de patients auront besoin de certains de ces médicaments. En France, le Sovaldi contre l’hépatite C, ou le Truvada, antirétroviral efficace contre le VIH, pèsent énormément sur les dépenses de la Sécurité sociale. Une situation qui pourrait vite faire grimper la facture, et rendre le prix des médicaments insoutenable pour de nombreux systèmes de santé.