Être incapable de reconnaître le visage de ses proches ou de mémoriser de nouvelles têtes. Ce scénario, qui peut sembler cauchemardesque, constitue la réalité quotidienne de 2 % de la population mondiale, dont l’acteur américain Brad Pitt. Cette maladie très peu connue a pour nom prosopagnosie.
Des chercheurs britanniques ont développé un nouveau test de diagnostic afin de sensibiliser les médecins et l’opinion publique à ce trouble, qui rend difficile la mémorisation des visages humains. Le malade aura du mal à reconnaître une personne qu’il a déjà rencontrée, et dans certains cas les plus graves, à distinguer les visages de sa famille ou de ses amis.
Cette pathologie n’est en rien un problème de vision : la personne dispose de toutes ses facultés visuelles, mais se trouve dans l’incapacité d’associer la figure de son interlocuteur à l'une de ses connaissances. Les malades compensent alors en se raccrochant à des éléments distinctifs comme la voix ou le style vestimentaire des personnes qui l’entourent.
Autotest de diagnostic
La maladie a été découverte en 1947 par le neurologue Joachim Bodamer, qui avait rencontré deux blessés de la seconde guerre mondiale qui en souffraient. Ce type de prosopagnosie dite « acquise » peut être fréquente à la suite d’une lésion cérébrale et ne dure que quelque temps, en fonction de la gravité de la blessure subie. Une forme congénitale de la maladie existe aussi, et est souvent moins incapacitante.
La sévérité de la maladie peut donc varier d’une personne à l’autre, ce qui complique le diagnostic. Jusqu’ici, les médecins testaient les patients en leur demandant de reconnaître des images de personnes célèbres, et en leur proposant des exercices de mémorisation des visages. Mais ils avaient du mal à atteindre les patients, dans la mesure où peu de gens connaissaient l’existence de la maladie, et n’allaient pas forcément consulter pour ce problème.
Les chercheurs de l’université de King's College et de City University, deux universités londoniennes, ont donc cherché à établir un autotest de diagnostic. Présenté sous la forme d’un questionnaire en 20 questions, il donne un score sur 100 qui permet d’établir si l’on est à risque.
Les professionnels de santé pourront, grâce aux résultats obtenus à ce test, déterminer la sévérité de la prosopagnosie, et adapter les examens médicaux suivants à chaque cas.