En France, la gestation pour autrui (GPA) est parmi les sujets de bioéthique qui fâchent le plus. Le pays n’est pas le seul dans ce cas : la grande majorité des états européens interdisent toujours cette pratique. Pour la première fois, une étude suédoise, de l’université de Göteborg, passe en revue la littérature scientifique concernant des enfants nés de mères porteuses, afin de déterminer les risques potentiels pour la femme et pour l’enfant.
Des résultats prudents
Les chercheurs expliquent que la plupart des études sur le sujet de la GPA sont plutôt encourageantes, et que les enfants nés de mères porteuses ne sont pas affectés dans leur développement physique et mental. En moyenne, les enfants nés de mères porteuses ne présentent pas plus de problèmes médicaux que leurs petits camarades nés par fécondation in vitro classique.
Les détracteurs de la pratique pointent souvent du doigt les troubles émotionnels qui peuvent se manifester chez un enfant né de mère porteuse. Néanmoins, les scientifiques assurent que les problèmes psychologiques ne sont pas plus importants chez ces enfants que chez les autres. Par ailleurs, seule une minorité de mères porteuses rapportait avoir éprouvé des difficultés à donner l’enfant à la fin de la grossesse.
Les chercheurs soulignent cependant que ces conclusions sont à prendre avec prudence. En effet, seules 55 études ont été réalisées sur le sujet et analysées par leurs soins. Elles présentent de nombreux problèmes méthodologiques, et ne sont donc pas forcément représentatives.
Les chercheurs s’appuient justement sur cette revue de littérature, pour inciter la communauté scientifique à investir plus de temps et de moyens, pour réaliser des études sur un sujet éthique aussi majeur.
L’Inde légifère sur la GPA
L’Inde est l’un des pays où la GPA est la plus pratiquée. Récemment, le gouvernement a décidé de s’attaquer à un problème majeur : de plus en plus de couples étrangers viennent dans le pays pour recourir aux services de mères porteuses. La pratique peut leur coûter trois fois moins cher qu'ailleurs, comme aux Etats-Unis, où ils doivent débourser des sommes importantes.
Autorisée en Inde depuis 2002, la GPA est devenue un marché très lucratif, rapportant jusqu’à 400 millions de dollars (368 millions d’euros) par an, selon une récente étude. De nombreuses femmes vivent dans la pauvreté, et se sont tournées vers cette option pour améliorer leurs conditions de vie. Mais cela a parfois donné lieu à de nombreux abus. Dans les cas les plus médiatisés, les parents n’ont pris qu’un enfant sur une paire de jumeaux ou ont décidé au dernier moment qu’ils ne voulaient plus du bébé.
Le gouvernement devrait désormais proposer une loi pour interdire la GPA aux couples non indiens. En 2012, il l’avait déjà interdit pour les célibataires et pour les couples homosexuels. De nombreuses associations ont salué la dernière initiative, mais certaines ont souligné que la GPA courait le risque de devenir souterraine, avec des risques élevés pour les femmes.
En Europe, trois pays ont officiellement instauré la GPA. Il s’agit du Royaume-Uni, de la Grèce et de la Roumanie. Aucune compensation financière ne peut être accordée à la mère porteuse, à l’exception d’indemnisations liées aux frais médicaux. Par ailleurs, la Belgique, la Pologne, l’Irlande, les Pays-Bas et la Slovaquie n’interdisent pas formellement la pratique, ce qui laisse la possibilité à certains couples d’y avoir recours.
En 2013, le conseil national d’éthique médicale a proposé l’instauration de la GPA en Suède. Le gouvernement étudie actuellement le projet. Les travaux des chercheurs de l’université de Göteborg viennent apporter de nouveaux arguments au débat.