Elle l’avait annoncé dès 2012, Marisol Touraine comptait bien marquer son passage au ministère de la Santé par une réforme du don de sang, afin de « mettre fin à l’exclusion en raison de l’orientation sexuelle ». Trois ans plus tard, la ministre a tenu promesse, et dès 2016, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) pourront participer aux collectes de l’Établissement français du sang… sous conditions. Un an d’abstinence pour un don de sang total, 4 mois pour un don de plasma. Des critères jugés trop drastiques par certaines associations, et à l’origine d’une véritable bronca.
Déception, colère, et frustration. C’est dans une tribune, publiée par le Huffington Post, que Marisol Touraine a choisi de répondre aux critiques. « C’est à vous, qui ne comprenez pas cette décision, à vous qui la contestez, que je souhaite aujourd’hui m’adresser », écrit-elle en préambule.
Procéder par étapes
La ministre a elle-même dû être passablement déçue que sa décision suscite autant de contestations et soit si peu saluée. Pourtant, les hommes homosexuels étaient exclus du don de sang depuis plus de 30 ans en France. Marisol Touraine souligne donc dans son texte que sa décision est une « véritable avancée », qui met fin à une exclusion perçue par certains, « à juste titre, comme une discrimination ».
La ministre insiste surtout sur le caractère progressif du processus. Elle rappelle qu’il est prévu que les règles relatives au don des HSH soient rapprochées des règles générales, dès que les données scientifiques auront permis de démontrer « que le risque de prélever du sang contaminé n'est pas plus élevé pour ces donneurs [les HSH, NDLR] que pour les donneurs hétérosexuels ». Dans sa déclaration du mercredi 4 novembre, elle indiquait que ce recueil de données prendrait « environ 12 mois ».
Eviter de revenir en arrière
Marisol Touraine s’entoure de toutes les précautions nécessaires, « pour que cette avancée soit sûre et irréversible ». La sécurité du don reste une priorité absolue, souligne la ministre. Et dans l’état actuel des connaissances, 12 mois, est la durée d’abstinence au terme de laquelle, il est certain que le risque du don est identique, entre HSH et hétérosexuels.
« À vous donc qui souhaitez aller plus loin, à vous qui souhaitez aller plus vite, je veux dire mon engagement à ne pas m'arrêter là. À vos interrogations, à vos doutes, je réponds : nous partageons le même combat. Menons-le ensemble ! », conclut la ministre.