Le mystère planait depuis janvier dernier. 75 décès et 157 personnes tombées malades dans le village de Chitimia, dans le nord-ouest du Mozambique. Un seul point commun entre tous ces individus : une bière traditionnelle, la Pombe, consommée à l’issue d’un enterrement. Des intoxications en série qui ont laissé perplexes les autorités de longs mois. Ce n’est que ce 4 novembre que le ministère de la Santé du Mozambique a fait la lumière sur les événements.
Bile de crocodile
Des diarrhées subites, des douleurs musculaires. Certaines personnes sont retrouvées mortes à leur domicile. Et le doute subsistait autour de cette bière artisanale. Les pistes se sont multipliées : la police locale a privilégié l’empoisonnement. Les médias internationaux se sont pris à fantasmer sur l’utilisation de bile de crocodile pour intoxiquer les endeuillés. Les experts ont même mis en cause une plante utilisée en sorcellerie. L’explication était bien plus simple. Elle tient en deux petits mots.
Burkholderia gladioli. C’est le nom de la bactérie identifiée aux Etats-Unis, grâce à des échantillons fournis par le brasseur qui produit la Pombe. Cette bière est produite à base d’une farine de maïs. Et selon le directeur de l’Institut de la Santé, dont les propos sont rapportés par Le Monde, elle n’aurait pas dû être utilisée : « Cette farine s’est périmée lorsque son lieu de stockage a été inondé par de l’eau de pluie, a expliqué Ilesh Jani lors d’une conférence de presse. Bien qu’elle ait été considérée comme impropre à la consommation directe, la population locale a jugé la farine adéquate pour produire de la Pombe. » La bactérie, qui se trouve dans des milieux humides, a produit suffisamment de toxines pour contaminer la bière. Et si ce genre d’incident est rare, il a déjà été signalé en Indonésie ou en Chine.