ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Cancer bronchique: tripler le nombre de guérisons

Institut d'oncologie thoracique

Cancer bronchique: tripler le nombre de guérisons

Par Cécile Coumau

C'est le cancer le plus tueur et pourtant la prise en charge des patients est éparpillée. Pour prendre de vitesse le cancer du poumon, les meilleurs de la cancérologie et de la chirurgie travaillent main dans la main.

GOMBERGH/SIPA
MOTS-CLÉS :

Jeune, sportive émérite, Andréa n’imaginait pas qu’elle allait être à l’origine de la création d’un institut de santé high-tech. En l’occurrence celui de l’institut d’oncologie thoracique. A 26 ans, Andréa était membre de l’équipe olympique italienne d’équitation quand sa vie bascule. Brutalement, elle ne peut plus avaler. Très rapidement, les médecins diagnostiquent une tumeur du thorax. S’enchaîne alors une intervention chirurgicale puis le verdict tombe : la tumeur est peu évolutive mais inopérable. La seule solution, c’est de poser un ressort dans l’œsophage pour permettre à la jeune femme d’avaler.
« Après, elle n’avait plus qu’à attendre la mort, commente le Pr Philippe Dartevelle, vice-président de l’Institut d’oncologie thoracique et directeur du centre chirurgical Marie Lannelongue. Mais, sa mère a cherché d’autres avis un peu partout dans le monde et elle est finalement venue me consulter. Je lui ai confirmé qu’aucun traitement de radiothérapie ou de chimiothérapie ne pouvait faire quelque chose pour sa fille. En revanche, je pouvais tenter une intervention diabolique pour enlever la tumeur et restaurer l’œsophage. » 15h d’intervention plus tard, Andréa pouvait à nouveau avaler, sans l’aide d’un ressort, et sans épée de Damoclès au-dessus de la tête.

Pour que cette belle histoire ne reste pas unique en son genre, le Pr Dartevelle a eu l’idée de créer un institut qui associerait le meilleur de l’oncologie et de la chirurgie. Il se tourne donc tout naturellement vers la Mecque de la cancérologie, l’Institut Gustave Roussy (IGR).« Nous ne pouvions pas nous contenter de la prise en charge actuelle du cancer du poumon. C’est le plus mortel de tous les cancers. Et les récents progrès sont vraiment très modestes, déclare le Dr Thierry Le Chevallier, de l’IGR et président du nouvel Institut d’oncologie thoracique. La seule solution pour avancer, c’était donc de prendre cette maladie dans son ensemble, de la prévention jusqu’aux traitements en passant par le dépistage précoce. » Bien sûr, la coopération entre chirurgiens et cancérologues ne datent pas d’aujourd’hui. Mais, « ce nouvel institut unique en Europe va au-delà de la coopération, estime Philippe Dartevelle. C’est une véritable imbrication des meilleures équipes. »


Ecoutez Philippe Dartevelle
, chirurgien au Centre Marie Lannelongue : « Avant, on enlevait des poumons entiers, maintenant, on réimplante des lobes. C’est un vrai jeu de Meccano ! »




Or, actuellement, dans le cancer du poumon, les équipements diagnostics et thérapeutiques sont complètement éparpillés. Radiologues et pneumologues ne travaillent pas sur les mêmes plateformes… « Du coup, nous avons une vue en mille morceaux du patient, regrette Thierry Le Chevalier. Et c’est complètement épuisant pour le patient ». Faire travailler main dans la main les oncologues de Gustave Roussy et les chirurgiens peut donc faire gagner un temps précieux. L’IGR et le Centre chirurgical Marie Lannelongue travaillent par exemple beaucoup sur les petits nodules de quelques millimètres. Cette expertise permet de diagnostiquer des petites tumeurs débutantes.

Bien sûr, la meilleure organisation des soins ne suffira pas à elle toute seule à combattre le cancer bronchique. Mais, l’histoire de la prise en charge du sida donne de bons espoirs aux responsables de l’Institut d’oncologie thoracique.


Ecoutez Thierry Le Chevalier
, cancérologue à l’IGR : "Le jour où on a créé des plateformes complètement dédiées au Sida, on a réussi à contrôler cette maladie".




Les dirigeants de ce nouvel institut sont d’ailleurs très ambitieux. L’objectif est de multiplier par trois le nombre de patients guéris sur les dix prochaines années. En France, pas moins de 40 000 nouveaux cas sont recensés et 30 000 personnes en meurent tous les ans.