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Equilibre du microbiote

Allergies alimentaires de l'enfant : des prébiotiques pendant la grossesse pourraient diminuer les risques

Par Ambre Amias

Des recherches françaises montrent que des prébiotiques pris durant la grossesse pourraient diminuer les risques d'allergies alimentaires chez les petits.

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En France, 8 % des enfants, et près de 2 % des adultes, souffrent d’allergies alimentaires, notamment au blé. Pour lutter contre ce fléau, la flore intestinale, qui désigne l’ensemble des bactéries présentes dans nos intestins, est bien plus utile que ce qu’on ne pourrait penser.

Cette flore, aussi appelée microbiote, joue un rôle-clé au sein du système immunitaire et influence son efficacité. En fonction de sa composition, elle pourrait même prévenir ces allergies qui se déclarent de plus en plus fréquemment. Les chercheurs ont pendant longtemps tenté de réguler la flore intestinale des personnes souffrant d’allergies avec des probiotiques, mais ils n’ont constaté aucun effet notable.

 

Agir durant la grossesse

Une équipe de l’Inserm a donc décidé d’utiliser des prébiotiques, des sucres qui servent d’alimentation aux bactéries et favorisent leur croissance. Autrement dit, l’idée est de rééquilibrer la flore intestinale en changeant sa composition grâce aux prébiotiques. Pour arriver au meilleur résultat, ce rééquilibrage doit intervenir le plus tôt possible, si possible avant la naissance et pendant les premiers mois de la vie.

Afin de tester l’effet des prébiotiques, les chercheurs ont administré quotidiennement des compléments en sucres à des souris, pendant leur grossesse, et pendant qu’elles allaitaient leurs souriceaux. Trois semaines plus tard, ils ont exposé les petits à des protéines de blé fortement allergisantes.

Résultat : les souriceaux dont la mère avait reçu des prébiotiques étaient moins à risque de développer une allergie. Ceux-ci ont aussi eu pour effet de favoriser l’expression de lymphocytes T régulateurs impliqués dans la tolérance aux substances étrangères à l’organisme.  

 

A confirmer chez l'homme

Pour aller plus loin, il faudra s’assurer que ces résultats peuvent être appliqués à l’Homme. Les chercheurs ont déjà pris les devants pour cette prochaine étape, en formulant une demande de projet hospitalier de recherche clinique. Cela devrait permettre à l’équipe de monter une expérience sur deux ans, à partir de 2016, avec 500 à 1 000 femmes volontaires présentant un risque de transmission d’allergie à leur enfant.

Elles devront prendre des prébiotiques en gélule tout au long de la grossesse et, si elles n’allaitent pas, ajouter ces compléments au lait des biberons. Les chercheurs suivront alors les enfants pour évaluer leurs risques d’allergie et la sévérité de leurs symptômes. Ils regarderont aussi si les enfants sont atteints de dermatite atopique, un certaint type d'eczéma. L'idée : mettre en place une nouvelle prise en charge des allergies alimentaires basée sur les prébiotiques.