Dans la première étude du genre, des scientifiques anglais viennent de montrer que le moment de la puberté chez les hommes et les femmes est influencé par un grand nombre des facteurs génétiques communs. Des résultats inédits publiés ce mardi dans la revue Nature Communications.
« Bien qu'il existe des différences physiques évidentes dans le développement pubertaire entre garçons et filles, de nombreux processus biologiques qui le régissent sont les mêmes », a confié le le Dr Felix Jour, principal auteur de l'étude.
La plus grande analyse génomique masculine
Conduits par une équipe de scientifiques à l'Université de Cambridge (Royaume-Uni), ces travaux sont basés sur l'analyse génétique de plus de 55 000 hommes, clients de la société américaine 23andMe (1). Tous ont consenti à participer à la plus grande analyse génomique masculine jamais menée.
Les données recueillies ont été comparées aux gènes de plus de 250 000 femmes. Plus précisément, la comparaison a porté sur les régions génétiques qui influencent l'âge à laquelle la voie mue, une étape de développement distincte, selon les sexes, qui intervient chez les jeunes hommes lorsque leur larynx s'allonge.
Les résultats relayés par cette équipe confirment que l'âge où les voix d'hommes changent est une mesure informative du déclenchement de la puberté. Des travaux antérieurs avaient déjà identifié 106 variants génétiques qui modifient le calendrier de la puberté chez les femmes. L'étude actuelle montre que ces mêmes facteurs génétiques ont des effets très similaires sur le calendrier de la puberté masculine. De là à croire que le déclenchement de la puberté chez les hommes et les femmes est déterminé de la même façon génétique, il n'y a qu'un pas.
Cette découverte d'une synchronisation génétique commune était jusqu'à présent méconnue car les recherches sur les hommes étaient rares, « en grande partie parce que les enquêteurs ont négligé dans le passé la précision avec laquelle les hommes peuvent se rappeler des événements pubertaires », explique l'un des auteurs.
Ainsi, cette étude menée en Angleterre a réussi à identifier cinq nouveaux variants génétiques associés au déclenchement de la puberté masculine. Comment ? « Grâce à de nouvelles recherches sur des voies d'hormones connues. D'autres ont porté sur des voies hormonales négligées jusqu'à présent », précisent les scientifiques.
La puberté précoce liée à de moins bons résultats santé
Un résultat inquiétant ressort toutefois de ces travaux : chez les participants, la puberté précoce était associée à des problèmes de santé. Des résultats qui corroborent des travaux précédents qui montraient, chez les femmes, que plus la puberté se déclenchait tôt, plus les risques de diabète de type 2, d'obésité, ou encore de maladies cardiovasculaires étaient élevés.
« Nous montrons maintenant que la même chose est vraie chez les hommes. Les prochaines étapes consisteront à comprendre comment prévenir la puberté précoce chez les garçons et les filles pour réduire ces risques », conclut le Dr Ken Ong, co-auteur de l'étude.
(1) 23andMe est une société de biotechnologie privée basée à Mountain View, en Californie.