Avant la guerre, la Syrie avait l’un des système de santé les plus performants de la Méditerranée. Plus de 90 % des enfants étaient vaccinés contre la polio ou la rougeole. Et depuis les années 1990, aucun enfant n’était plus paralysé à vie après avoir contracté la poliomyélite, rappelle le Dr ALa Alwan, directeur régional OMS de la Méditerranée orientale sur le site de l’agence onusienne.
Mais tous ces acquis et progrès sanitaires ont été balayés par les cinq années de conflits. Hôpitaux détruits, pénurie de traitements essentiels – notamment des vaccins –, conditions de vie précaires dans des espaces exigus… Tout concourt à la résurgence de pathologies infectieuses. « En 2013, le pays a assisté à l’émergence d’une épidémie de polio qui a paralysé 35 enfants et s’est répandue en Irak, un pays qui n’avait pas connu de cas depuis 14 ans. Pour la maîtriser, nous devons vacciner plus de 25 millions d’enfants vivant dans les 8 pays touchés par ces conflits armés », déclare le Dr Ala Alwan.
Une région vulnérable
De fait, la Syrie n’est pas un cas unique dans la région. En Irak, au Yémen ou en Jordanie, les populations ont un risque accru de contracter ces maladies, en particulier dans les régions inaccessibles du fait des violences et de l’insécurité. « A ce problème s’ajoutent les 20 millions de personnes fuyant les zones de conflits. Beaucoup d’entre elles traversent les frontières pour se réfugier dans les pays voisins », relève-t-il. Ainsi, l’arrivée en masse de réfugiés au Liban, par exemple, met sous pression des système de santé déjà fragiles.
« Dans les régions où les systèmes de santé peuvent s’écrouler, les virus et les maladies seront inévitables. Ils ne reconnaissent pas les frontières. Et lorsque les financements sont retardés, ou que ceux promis ne sont pas honorés, alors la santé des populations en subira les conséquences », prévient le médecin.
Besoin urgent d'agir
L’émergence du choléra en Irak en est le parfait exemple. Depuis juillet, une dizaine d’hôpitaux ne fonctionnent plus, laissant des millions de patients sans soins ou traitements salvateurs. « Et malgré les appels à l’aide répétés, les organisations internationales et nationales qui fournissent un soutien direct au système de santé n’ont reçu que 16 millions de dollars sur les 60 millions nécessaires pour répondre aux crises sanitaires », déplore le Dr Ala Alwan.
Pour le directeur régional de l’OMS, il est plus qu’urgent que les pays décideurs – l’Union européenne et les États-Unis – reconnaissent que la situation en Méditerranée est sans précédent et requiert des soutiens financiers mais également humains.