ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > L'arsenic augmente le risque d'infections chez les enfants

Présent dans les eaux souterraines

L'arsenic augmente le risque d'infections chez les enfants

Par Anne-Laure Lebrun

Les enfants exposés in utero à l'arsenic sont plus souvent malades lors de leur première année de vie. Ils souffriraient d'infections respiratoires plus sévères que les autres enfants. 

Charlie Riedel/AP/SIPA

Au cours leur première année de vie, les enfants exposés in utero à l’arsenic ont un risque accru de développer des infections et des syndromes respiratoires, révèle une étude américaine publiée Environmental Health Perspectives.

L’arsenic est naturellement présent à des concentrations élevées dans les eaux souterraines. Certains sols sont particulièrement riches en arsenic. En France, le Massif central, les Vosges et les Alpes sont les régions les plus concernées et font l’objet d’une surveillance importante. En France, la concentration maximale admissible de l’arsenic dans les eaux destinées à la consommation humaine a été fixée à 10 µg/L depuis 2003. Au delà, le risque associé est considéré comme inacceptable.

Risques pendant la grosssesse

Car, l’arsenic est un élément chimique classé cancérogène avéré pour l’homme. L’exposition prolongée par inhalation ou ingestion d’eau contaminée est à l’origine de cancers du poumon, de la peau ou de la vessie. « On lui a aussi attribué des effets sur le développement, des maladies cardiovasculaires, une neurotoxicité et le diabète », précise l’Organisation mondiale de la santé.

Ainsi, l’exposition à l’arsenic est particulièrement inquiétante chez les femmes enceintes, aussi bien pour la mère et l’enfant. En effet, cet élément chimique peut traverser le placenta et intoxiquer le fœtus. Conséquence : les risques de fausse couche et de décès du bébé sont fortement augmentés. De récents travaux ont également suggéré que l’exposition à l’arsenic durant l’enfance altère le système immunitaire et accroît le risque d’infections.

Des chercheurs de l’université de Dartmouth (Etats-Unis) ont alors voulu savoir si ce risque accru était retrouvé chez les enfants exposés à l’arsenic dans le ventre de leur mère. Pour cela, ils ont analysé les échantillons d’urine collectés auprès de 412 femmes enceintes. Ils les ont ensuite contactées 3 fois après leur accouchement pour évaluer l’état de santé des enfants. Grâce à ces informations, les scientifiques ont pu étudier le lien entre l’exposition maternelle à l’arsenic et les infections fréquentes des enfants comme les bronchiolites, les otites ou les gatro-entérites.

Des infections plus graves

D’après les analyses d’urine, la concentration moyenne d’arsenic était de 5,7 µg/L et la concentration moyenne dans l’eau était de 4,6 µg/L, loin du seuil maximal toléré. Néanmoins, les résultats montrent que les enfants exposés à l’arsenic ont été plus souvent malades que les autres. Ils souffraient en particulier d’infections respiratoires qui nécessitaient un traitement, précisent les auteurs.

« Ces résultats suggèrent que l’exposition à l’arsenic augmente le risque et la sévérité de certains types d’infections, indique Margaret Karagas, professeur d’épidémiologie à l’école de médecine Geisel de l’université de Dartmouth. Les infections respiratoires durant l’enfance peuvent signaler un risque accru d’allergies et d’insuffisance respiratoire ».

Par ailleurs, les auteurs soulignent que l’eau de boisson n’est pas la seule source d’arsenic. Les aliments comme le riz et les produits à base de cette céréale contiennent également des concentrations élevées d’arsenic. A tel point, que certains pays conseillent aux parents de ne pas en donner à leurs enfants.