C’est l’une des complications les plus craintes par les personnes atteintes de diabète : l’amputation du pied. En effet, ces patients peuvent souffrir de pertes de sensibilité nerveuse aux extrémités des membres. Sur leurs pieds, des plaies peuvent alors s’infecter et conduire à des nécroses nécessitant l'ablation du membre.
En France, en 2013, 3 millions de personnes étaient traitées pour pour un diabète, soit 4,7 % de la population française. Plus de 20 000 d’entre elles ont été hospitalisées pour une plaie du pied, dont près de 8 000 pour amputation d’un membre inférieur. C'est un risque sept fois supérieur à celui de la population générale, souligne le dernier numéro du Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH).
Des disparités régionales marquées
Les données mettent en évidence de très fortes disparités socio-économiques parmi ces patients. En effet, « le suivi clinique reste plus fréquent chez les personnes les plus favorisées », notent les auteurs du BEH. A l'inverse, les bénéficiaires de la Couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) de moins de 60 ans et les résidents de communes défavorisées présentent davantage de complications podologiques.
Les disparités sont aussi particulièrement marquées entre les régions : « On observe des disparités régionales sur la fréquence des complications, notamment dans les DOM et dans le Nord-Pas-de-Calais, explique Sandrine Fosse-Edorh, spécialiste en diabétologie à l’Institut de Veille Sanitaire. Là-bas, les taux d’amputation sont beaucoup plus élevés, alors que les taux d’hospitalisation pour des plaies au pied restent moindres. Cela montre la nécessité d’une prise en charge plus développée dans ces départements, en amont de l’amputation ».
Cibler la prévention
Sur les 41 000 complications liées au diabète, plus de la moitié touchent le pied. L'éducation du patient revêt donc un rôle-clé : les médecins expliquent régulièrement aux patients l'importance d'une bonne hygiène des pieds, d'une surveillance régulière de ce membre particulièrement sensible. L'Assurance maladie a même intégré au forfait de prise en charge intégrale un forfait podologique de 4 et 6 séances annuelles pour les diabétiques de grade 2 et 3.
Le CHRU de Strasbourg renforce encore la prévention et propose des ateliers thérapeutiques autour du pied. « Tout patient diabétique peut entrer dans un programme de prévention et de traitement de la plaie, avec l’implication d’un diabétologue, d’une infirmière, d’un pédicure-podologue et d’un podo-orthésiste », précise Laurence Kessler, diabétologue au CHRU de Strasbourg.