Suite aux attentats perpétrés dans l'agglomération parisienne vendredi soir (128 morts et 99 personnes dans un état critique) l'arrêt immédiat de tout mouvement de grève contre la loi Santé a été annoncé. Dans un communiqué de presse commun, tous les syndicats de médecin libéraux représentatifs (CSMF, FMF, SML, MG France, LE BLOC) écrivent : « la solidarité des médecins libéraux avec les pouvoirs publics, la population, les autres soignants, et en particulier leurs collègues hospitaliers est totale ». Et ces derniers en auront bien besoin pour gérer la situation de crise à laquelle ils sont actuellement confrontés. Dès hier soir, le "Plan blanc" hôpital a été déclenché par l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
L'arrêt des interventions chirurgicales programmées
Contacté par Pourquoidocteur, le Dr Christophe Prudhomme, urgentiste à l'Hôpital Avicenne (Bobigny, Seine-Saint-Denis) détaille ce dispositif : « le "Plan blanc" hôpital va consister en la mobilisation de l'ensemble des hôpitaux d'Ile-de-France pour accueillir un nombre de victimes important. Cela implique l'arrêt des interventions chirurgicales programmées. On réserve les blocs opératoires aux blessés susceptibles d'arriver, tout en dégageant des lits de réanimation. Enfin, nous pouvons aussi ouvrir (si besoins) des lits supplémentaires », précise-t-il.
Ce dispositif modifie également le planning du personnel des hôpitaux puisque les Praticiens Hospitaliers (PH) seront maintenus sur place entre les relèves d'équipes. Le Dr Prudhomme indique que « bien souvent, il n'est pas nécessaire de faire des rappels de personnels parce que spontanément ceux qui habitent proche de leur hôpital se présentent. Cela a été le cas hier », assure ce médecin.
Une scène d'horreur au Stade de France
Egalement membre du Samu 93, cet urgentiste racont comment il est intervenu aux abords du Stade de France où deux kamikazes ont mené des attentats-suicides. Il décrit la scène d'horreur à laquelle ont pu assister les équipes d'urgentistes qui avaient été doublées ce soir-là. « J'ai fait plusieurs rotations dans la soirée. Sur Paris, il y avait plus de morts que de blessés. Au Stade de France, c'était le contraire. A Saint-Denis, j'ai pris en charge plusieurs victimes qui présentaient des lésions de criblage avec des impacts de pièces métalliques (de type "plomb") sur l'ensemble du corps. Des blessés qui étaient proche du lieu de l'explosion des ceintures des kamikazes présentaient des blessures graves à la tête où à l'abdomen », rajoute-t-il.
D'après lui, certaines d'entre elles ont un pronostic vital engagé. Elles seraient donc toujours entre la vie et la mort. En tout et pour tout, son équipe a dû gérer environ une centaine de blessés, dont 25 graves, pendant même que les Bleus jouaient face à l'équipe d'Allemagne.
Des cellules psychologiques mises en place
Enfin, s'agissant du traumatisme psychologique lié à ces attaques, le Dr Prudhomme indique que « dès hier soir, l'hôpital de Saint Denis (93) a mis en place des cellules d'urgence médico-psychologique (CUMP) avec des psychiatres et des psychologues » ouvertes à tout le monde. Beaucoup de personnes choquées s'y sont rendues instinctivement dans les minutes qui ont suivi les attentats.
« Les blessés, pour leur part, s'y rendront plus tard. Pour eux, le véritable choc psychologique viendra dans quelques jours », conclut-il.