Combien de discussions entre amies sur cette question essentielle et quasi biblique : faut-il ou non s’abandonner tout de suite devant le mâle désirant ? Avant, à une époque quasi préhistorique où Internet et les réseaux sociaux n'avaient chamboulé nos vies, en 1970, donc, les premiers rapports sexuels entre deux partenaires suivaient en moyenne de 4 mois leur première sortie commune et de 14 mois leur première rencontre.
A présent, à l’heure des sites de rencontre avec des applications spécialement dévolues aux « coups d’un soir » ( Tinder, Grinder…), 34 % des femmes disent avoir couché avec quelqu’un dès leur première rencontre (1)
Cette question de coucher ou pas le premier soir a toujours hanté les femmes.Celles qui ont peur d’être cataloguées comme des filles faciles et des « Marie-couche-toi-là ».
Celles qui ont reçu une "bonne éducation" leur matraquant qu’elles doivent garder le trésor de leur virginité pour leur mari (avant les années 70) ou pour quelqu’un qu’elles aiment vraiment (les nouvelles générations).
Celles à qui on a appris qu'être patiente permettait d’éprouver la réelle motivation ou le désir de l’autre ( « si tu comptes un peu pour lui, il attendra »).
Celles sur lesquelles pèsent les tabous religieux et culturels de tous ordres.
Morale, éducation et religion ne devraient pourtant rien à voir à faire avec la question de l’amour le premier soir ou pas. C’est une affaire de sens, selon moi. Une affaire intime qui ne regarde que soi.
Chacune devrait se poser la question de pourquoi elle le ferait, tout simplement :
pour éviter de laisser passer l’instant magique en vertu du principe qu’il faut battre le fer quand il est encore chaud (et qu’on ne sait de quoi sera fait le lendemain) ?
- pour se prouver que personne ne lui résiste ?
- pour sentir sur soi, de suite, ce regard si neuf qui brise l’ennui ou la solitude ?
- pour vaincre sa peur de vieillir ?
- pour le plaisir de faire l’amour ?
- pour d’autres raisons encore, tout aussi personnelles ?
Il me semble qu’il faut être au clair avec ces quelques questions pour savoir comment sortir du dilemme. Ces questions donnent du sens au désir et à la relation que l’on veut instaurer avec l’autre. La liberté sexuelle n’est pas de tout faire, mais de faire dans le respect de soi, de son histoire, de ses contradictions et de ses ambivalences. En respectant ses complexes et ses inquiétudes. En acceptant son désir et ses besoins. « Il y a une fêlure en chaque chose, c’est par là que pénètre la lumière » (There is a crack in everything /That’s how the light gets in), chante Leonard Cohen.
Les hommes ne sont pas on off. Vous imaginez peut-être qu’ils couchent tous le premier soir si l’occasion se présente ? Ce serait vraiment mal les connaître. Même dans cette étude de la CAM4 (1), forcément biaisée puisqu’elle interroge les visiteurs de son site, les hommes ne sont que 55 % à avoir eu un rapport sexuel à l’occasion de leur première rencontre, la preuve que beaucoup savent patienter, voire se « réserver » comme les femmes.
Les préjugés ont la vie dure, les hommes n’ont pas nécessairement une sexualité on-off. Non, ils ne sont pas tous prêts à coucher avec n’importe qui et n’importe quand. Ils ont aussi un cerveau doué de raison et d’émotions. C’est le psychiatre et psychanaliste acques Lacan qui disait que la « frustration entretient le désir », et beaucoup d’hommes l'appliquent, avec sensualité, avec patience, avec romantisme, avec espoir…
Ceux qui multiplient les conquêtes d’un soir sont souvent ceux qui manquent de confiance en eux et veulent se prouver qu’aucune femme ne leur résiste. Le syndrome du Don Juan avec "derrière le trop, cherchez le trop peu".
Les sites favorisent les rapports rapides
La proportion de personnes ayant eu des rapports sexuels dès le premier soir avec quelqu'un rencontré via un site ou une application de rencontre est deux fois plus forte (26 %) qu’avec quelqu'un rencontré dans une discothèque (13 %) ou une soirée entre amis (13 %). Moins d’un Français sur dix a déjà « conclu » le premier soir avec une personne rencontrée dans un bar (8 %), lors d’un bal public (8 %) ou lors d’une fête de mariage (3 %). ll présence de l’entourage (familial ou amical) à ce type d’évènement oblige sans doute à un contrôle de soi plus important (1).
(1) Etude réalisée en octobre 2015 par l'Ifop pour CAM4.fr, un des leaders des sites de rencontre par webcam.