Le protocole est peu orthodoxe, mais il a démontré son efficacité. Pour la première fois, une étude conclut que la méditation pleine conscience est plus efficace qu’un placebo dans la gestion de la douleur. Les travaux, à paraître dans l’édition du 18 novembre du Journal of Neuroscience, comparent cette approche à une crème placebo et à un semblant de méditation.
75 courageux se sont prêtés à une expérience. Les chercheurs du Wake Forest Baptist Medical Center (Winston-Salem, Caroline du Nord, Etats-Unis) leur ont demandé d’accepter… de se faire brûler par une sonde thermique chauffée à 50°C. « Un niveau de chaleur que la plupart des gens trouvent très douloureux », précise le communiqué du centre médical. Loin d’être effrayés, les participants ont été répartis en quatre groupes : méditation pleine conscience, méditation placebo, crème analgésique placebo et groupe contrôle. L’intervention a duré 4 jours, à raison de 20 minutes par séance.
Trois paramètres ont permis de mesurer la réaction à la douleur. Les volontaires ont noté l’intensité de la souffrance et leur réaction émotionnelle face à celle-ci. Des IRM fonctionnelles ont aussi permis d’observer quelles régions du cerveau étaient activées par la brûlure et la méthode adoptée.
Douleur 27 % moins intense
La méditation pleine conscience s’avère bien plus efficace que toutes les autres approches, concluent les auteurs – non sans étonnement. « Nous avons été très surpris par les résultats », admet Fadel Zeidan, principal auteur de la publication. Et pour cause : la crème placebo réduit l’intensité de la douleur de 11 %. Méditer, en revanche, permet une réduction de la souffrance de 27 %. L’aspect émotionnel est diminué de 44 %.
« Les IRM montrent pour la première fois que la méditation pleine conscience produit des réactions cérébrales très différentes de celles produites par la crème placebo, ajoute Fadel Zeidan. Alors que nous pensions qu’il y aurait des chevauchements entre les régions cérébrales des personnes qui ont médité et de celles sous placebo, les résultats fournissent des preuves récentes et objectives qui démontrent que la méditation réduit la douleur de manière unique. » En effet, la méditation active les régions associées au contrôle de soi, ainsi que le thalamus, qui détermine quelle information sensorielle se dirige vers quel centre cérébral. A l’inverse, la crème réduit l’activité dans les zones qui gèrent la perception de la douleur.
La méditation placebo permet aussi un petit effet (- 9 % sur l’intensité de la douleur et – 24 % sur l’impact émotionnel). Le mécanisme est certainement lié à une respiration plus lente, selon les chercheurs.