Les bonnes nouvelles se succèdent ces derniers mois au sujet de la malaria. Plusieurs études ont montré que la maladie a connu un net recul de mortalité depuis le début siècle. Le comité Nobel a d'ailleurs reconnu ces progrès, en décernant le prix de médecine 2015 à la chercheuse Youyou Tu, à l’origine de la découverte du traitement le plus efficace à ce jour, l’ivermectin.
Toutefois, la maladie fait encore de nombreuses victimes et les chercheurs se disent inquiets, car ils constatent de plus en plus de résistance aux traitements actuels. Une étude, publiée dans la revue Plos Pathogens, tente d’apporter de nouvelles solutions, en s’intéressant au développement des parasites de la famille des plasmodium, responsables du paludisme.
L’idée : comprendre comment plasmodium s'installe et grandit dans ses hôtes, moustiques ou mammifères. En améliorant l’état des connaissances sur les phases de son développement, les chercheurs espéraient trouver des pistes pour mieux éradiquer la maladie.
CYC3 responsable
L’équipe, menée par le Pr Rita Tewari et le Dr Magali Roques, de l’université de Nottingham, a infecté des rats avec une espèce particulière de plasmodium, pour mieux observer les différentes phases du développement du parasite.
Les scientifiques ont ainsi mis en évidence le rôle majeur d’une protéine, la cycline, déjà bien connue dans la division cellulaire humaine, mais qui n’avait jamais été étudiée chez le parasite. Trois types de cyclines ont été découvertes chez le plasmodium du rat, dont une dénommée CYC3.
En supprimant le gène codant pour celle-ci, les chercheurs montrent que la division cellulaire devient dysfonctionnelle. Des recherches complémentaires sont prévues pour mieux comprendre ce phénomène, son incidence sur la survie du parasite, et sur la manière dont ces connaissances peuvent être appliquées aux Plasmodium falciparum et P. vivax, les plus dangereux pour l'homme.
« Cette première étude sur la cycline, et son rôle dans le développement du plasmodium au sein des moustiques devraient permettre de mieux comprendre son fonctionnement cellulaire, pour en finir avec la maladie » espère Magalie Roques. Selon elle, il sera bientôt possible d’envisager de nouveaux traitements, spécifiquement dirigés contre cette protéine.