La prématurité constitue la première cause mondiale de décès à la naissance. Elle engendre des complications physiques, intellectuelles ou psychologiques, parfois graves et durables, pour les 10 % d’enfants qui naissent avant terme dans le monde. Pour autant, les innovations scientifiques dans ce domaine laissent envisager un avenir encourageant.
A l’occasion de la Journée Mondiale de la prématurité, le CHU Sainte-Justine, affilié à l’Université de Montréal (Canada), fait le point sur les dernières découvertes, sous la forme d’un « florilège d’avancées médicales pour les prématurés ». Ces percées scientifiques se concentrent autour de trois périodes critiques de la vie des bébés : avant la naissance, lors du séjour aux soins intensifs néonatals et après leur départ de l’unité.
Une molécule pour les prévenir
Le lien entre les naissances prématurées et l’inflammation des tissus de l’utérus, qui favorise les contractions et le travail préterme, est connu dans la littérature. Pour prévenir ce phénomène, des chercheurs canadiens ont mis au point un agent efficace qui inhibe l’inflammation et retarde les contractions utérines. Cette molécule, qui a été expérimentée sur des rongeurs, n’aurait pas d’effet secondaire notable sur la mère et le fœtus. Ces travaux ont été publiés dans la revue The Journal of Immunology.
Par ailleurs, une autre étude menée dans le centre canadien met en évidence un facteur de risque de naissance prématurée pour les femmes elles-mêmes nées de manière prématurée. « La différence n’est pas alarmante, considérant que globalement, la grande majorité des femmes nées prématurément ont accouché à terme, mais elle est suffisamment importante pour considérer la naissance prématurée comme un facteur de risque dont on pourrait tenir compte dans le suivi de grossesse », expliquent les auteurs de ces travaux publiés dans la revue Obstetrics & Gynecology.
En soins intensifs : bloquer la lumière de l’alimentation
Les chercheurs canadiens ont réussi à démontrer que le fait de bloquer la lumière de l’alimentation intraveineuse durant les premiers jours de vie accroît la survie des prématurés. En effet, en raison de l'immaturité de son appareil digestif, le bébé prématuré doit recevoir un supplément alimentaire administré par voie intraveineuse pour combler ses besoins nutritionnels élevés lors de ses premiers jours de vie.
Or, l’exposition du mélange nutritif à la lumière augmente le taux de mortalité des enfants prématurés. Bloquer cette lumière permet d’éviter des complications graves (dysfonction pulmonaire, infection généralisée). Ces travaux sont à retrouver dans le Journal of Parenteral and Enteral Nutrition.
Par ailleurs, les recommandations préconisent de mettre en place le plus tôt possible, et autant que possible, la méthode kangourou (à la place d’être dans un incubateur, le bébé est mis sur le corps des parents en peau-à-peau). Les chercheurs ont évalué l’efficacité de trois modèles de chaises zéro-gravité et ont sélectionné le modèle idéal. L’utilisation de la chaise a allongé les sorties en méthode kangourou de deux heures par jour en moyenne, en plus d’augmenter la fréquence des sorties.
Un suivi sur le long terme après l’hôpital
Les chercheurs de Sainte-Justine ont mis au point un outil permettant de suivre sur le long terme les bébés prématurés. En effet, on sait que les anciens prématurés sont à risque de maladies chroniques à l’âge adulte telles que l’hypertension artérielle, l’obstruction des poumons, l’intolérance au sucre ou l’ostéoporose. L’étude HAPI vise à évaluer la santé cardiovasculaire, respiratoire, métabolique, osseuse et rénale de 200 jeunes adultes nés prématurément comparativement à 200 contrôles nés à terme, âgés de 18 ans à 29 ans. Les cohortes sont en cours de constitution.
En France, des équipes de l'Inserm se sont également penchées sur le devenir des bébés prématurés, et notamment des grands prématurés. Leurs travaux, publiés dans le JAMA pédiatrique, soulignent leur meilleure survie à court terme et un meilleur état de santé, par rapport à la situation d'il y a 15 ans.