Les auteurs des attentats qui ont frappé Paris ce vendredi ont-ils agi sous l’emprise du captagon ? La question se pose, alors que des seringues auraient été retrouvées dans la chambre d’hôtel louée par les terroristes, à la veille de leur acte sordide, rapporte le journal Le Point.
Selon l’hebdomadaire, des analyses toxicologiques sont en cours pour détecter la présence éventuelle de substance dans les fragments de corps des terroristes. Les seringues retrouvées ont pu être utilisées afin de confectionner les ceintures explosives. Mais elles ont également pu servir à s’injecter du captagon, une puissante amphétamine qui circule dans les rangs de Daesh.
« La potion magique des jihadistes »
Cette drogue, consommée sous forme de comprimés ou par voie injectable, est en effet distribuée aux combattants de l’Etat Islamique en Syrie afin de leur faire oublier leur peur, leur fatigue et leur douleur. On la surnomme même « la potion magique des jihadistes ». Seifeddine Rezgui, l’auteur des attentats de Sousse, en Tunisie, en aurait lui-même consommé avant d’ouvrir le feu sur des touristes rassemblés sur une plage, en juillet dernier.
Le captagon est fabriqué à partir de fénéthylline, une amphétamine qui a connu un certain succès en Europe dans les années 1980. En France, ce médicament n’est plus prescrit depuis une trentaine d’années en raison d’un détournement à des fins récréatives ou dans un objectif de dopage, par des militaires ou encore des étudiants en examen.
« Nous les frappions, ils ne sentaient rien »
Les témoignages relatifs à Daesh évoquent des combattants « shootés », qu’aucune horreur ne semble arrêter. « Nous les frappions, mais ils ne ressentaient pas la douleur. Beaucoup riaient même alors que nous leur donnions des coups très forts », a ainsi expliqué ainsi à Reuters un officier du régime syrien de la brigade de stupéfiants à Homs.
Bien que le passage à l’acte ne puisse en aucun cas s’expliquer par la seule absorption d’un médicament, le captagon est une substance qui modifie la perception de la réalité. A Paris, des témoins évoquent au sujet des terroristes une apparence de « morts-vivants, comme s'ils étaient drogués », peut-on lire dans le Figaro. Idem concernant l’attentat en Tunisie. Les témoins décrivent le sourire apaisé et lointain du tueur, qui pourrait effectivement corroborer l’hypothèse d’un acte réalisé sous psychotrope.
Explosion du nombre de saisies
Jusqu’à très récemment, le Liban était le principal producteur de cette molécule. La production s’est intensifiée en Syrie depuis 2011 dans des laboratoires clandestins. D’autres sources évoquent la Bulgarie comme pays producteur et exportateur illicite. Les pilules vendues sous le manteau sont souvent coupées avec d’autres psychostimulants, comme en témoignent les saisies, dont le nombre a explosé au Moyen-Orient ces dernières années.
Toutefois, il semble difficile de déterminer avec précision l’ampleur de cette consommation parmi les rangs de Daesh. En Syrie, le gouvernement est lui-même accusé d’en fournir à ses armées, et la population, épuisée, est soupçonnée d’en consommer pour « tenir le coup ».