Entre 2008 et 2010, près de 6 730 personnes sans domicile fixe sont décédées en France, soit plus de 2 000 chaque année, selon la première estimation française du nombre de décès de sans-abri publiée ce mardi dans le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire.
Selon une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) de 2012, 81 000 vivent dans les rues françaises. En dix ans, le nombre de sans domicile fixe a augmenté de 50 % et près d’un tiers sont des enfants, indiquent les auteurs.
Pourtant, peu d’études se sont intéressées à leurs conditions de vie, leur état de santé et leur risque de mortalité. Dans les pays anglo-saxons et certains pays d’Europe, ces recherches constituent un corpus conséquent. Elles ont notamment montré que les principales causes de décès sont les maladies cardiovasculaires, les accidents, les intoxications et les suicides.
Huit sur dix sont des hommes
Pour leurs travaux, les chercheurs français ont exploité les données du CépiDc-Inserm qui regroupe l’ensemble des certificats de décès survenant sur le territoire français, et celles du Collectif Les morts de la rue. Selon le recensement partiel de l'association paru le 12 novembre dernier, les personnes sans-abri décédées sont essentiellement des hommes (88 %) de moins de 49 ans.
Les chercheurs reconnaissent que leur estimation est « assez imprécise et dépasse largement le nombre de décès recensés individuellement par les sources utilisées dans cette étude ». Cette imprécision tient au fait que les bases de données ne sont pas exhaustives, notamment CépiDc-Inserm qui n’indique pas systématiquement le statut « sans domicile de la personne ».
« Le seul moyen d’améliorer le report de cette caractéristique serait d’introduire un emplacement spécifique sur le certificat de décès concernant le statut sans domicile, ce qui n’est pas envisageable à ce jour », indiquent les chercheurs, qui précisent que les décès du CépiDc-Inserm indiquant que le mort était SDF sont ceux pour lesquels le médecin jugeait que cela avait joué un rôle dans le décès.
Néanmoins, les chercheurs expliquent que le dénombrement des décès des sans-abri pourrait être réalisé en routine afin de suivre l’évolution de la mortalité.
« Cela constitue une première étape dans la mise en œuvre de politiques publiques visant la réduction de la mortalité prématurée dans cette population. Des études sur les causes de décès sont en cours afin de documenter davantage cette question », concluent les auteurs.