Difficulté à s’endormir, sommeil fractionné… Les traitements contre les troubles de l’attention et l’hyperactivité (TDAH) s'avèrent nuisibles pour le sommeil des enfants, révèle une étude publiée ce lundi dans la revue Pediatrics.
Le méthylphénidate (vendu sous le nom Ritaline, Concerta ou Quasym), psychostimulant proche des amphétamines, a pour objectif d’améliorer la concentration et l’attention chez l’enfant de 6 ans et plus. Bien que son usage reste limité en France par rapport à certains voisins européens ou d’Amérique du Nord, la vente de ce médicament connaît une forte hausse depuis son arrivé sur le marché en 1996. En effet, selon un rapport de 2013 de l’Agence nationale du médicament (ANSM), le nombre de boites vendues a été multiplié par 19 entre 1996 et 2012, passant de 26 000 à 494 000 boites vendues.
Sommeil, des conclusions contradictoires
Une augmentation qui inquiète les spécialistes car ce médicament est loin d’être anodin et présente de nombreux effets secondaires potentiellement graves. Il peut provoquer une augmentation de la fréquence cardiaque et la pression artérielle. Il pourrait également altéré le développement cérébral et la croissance de l’enfant. Et concernant le sommeil, le flou persistait. Certaines études concluaient à des effets néfastes sur le sommeil de ces enfants agités alors que d’autres suggéraient qu’il favorisait l’endormissement.
Face à ces résultats contradictoires, les chercheurs de l’Université du Nebraska-Lincoln ont voulu y voir plus clair. Ils ont alors analysé 167 études et en ont sélectionné 9. Ces travaux n’étaient pas fondés sur des propos de parents mais sur des mesures objectives du sommeil.
Les résultats de cette méta-analyse montrent alors que le méthylphénidate cause des troubles du sommeil, en particulier chez les garçons. Ils mettent également en évidence que plus la prise du médicament est fréquente, plus les enfants ont du mal à s’endormir.
Adapter le traitement à chaque enfant
« Les troubles du sommeil chez l’enfant on des conséquences sur leurs fonctions cognitives, émotionnelles et comportementales telles que l’inattention, l’irritabilité ou la désobeissance, souligne Katherine Kidwell, psychologue à l’université du Nebraska-Lincoln et responsable de ces travaux. Ce manque de sommeil pourrait nuire à l’efficacité du traitement chez certains patients. Les pédiatres devraient adapter le dosage et la fréquence de prise à chaque enfant pour limiter les troubles du sommeil et traiter efficacement les symptômes du TDAH. »
Les auteurs précisent également qu’il n’est pas question d’arrêter de prescrire ces traitements car ils sont bien tolérés et ont fait preuves de leur efficacité. Néanmoins, ils insistent sur l’importance de peser le pour et le contre avant de donner ce médicament à des enfants. Ils rappellent également que des thérapies comportementales, éducatives, sociales et familiales existent et qu’elles méritent elles aussi d’avoir leur place dans la prise en charge des troubles de l'attention.