De nombreuses personnes obèses, ou en surpoids, font l’objet de discriminations ; des comportements de rejet dont elles sont souvent victimes depuis la cour de récréation. Pourquoi certains enfants développent-ils de telles attitudes à l’égard de leurs pairs en surpoids ?
Beaucoup d’hypothèses ont été avancées, la plus courante étant que celui ou celle qui n’est pas dans la norme, quel que soit son âge ou sa différence, a plus tendance à devenir un bouc émissaire. Certes, mais une étude néo-zélandaise, relayée par Le Parisien, apporte un nouvel éclairage sur le développement de cette « grossophobie ». Le tout-petit serait influencé par la perception qu’a sa propre mère des personnes en surpoids, et ce, dès 32 mois.
L’équipe de Ted Ruffman, en collaboration avec des chercheurs australiens et américains, a étudié 70 binômes mère-enfant. Les mamans ont répondu à des questionnaires permettant d’évaluer leur perception des personnes en surpoids, et leur niveau de rejet de l’obésité. En parallèle, les scientifiques ont analysé les réponses comportementales des enfants face à des photos de personnes de différentes corpulences.
Si les bébés âgés d’une dizaine de mois sont plus « attirés » par les photos de personnes en surpoids, à partir de 32 mois, ils choisissent plutôt celles de sujets minces. Les chercheurs soulignent cependant que le choix des enfants est corrélé aux préjugés de la mère sur les personnes obèses. Plus la mère exprimait son aversion pour l'obésité à travers le questionnaire soumis, et plus le jeune enfant se détournait de l'image représentant une personne obèse au profit du sujet de poids normal, explique Le Parisien.
Les chercheurs expliquent que ces travaux avaient pour but principal d’identifier le moment à partir duquel les enfants commencent à absorber les points de vue de leurs parents. Ils ne cherchent pas à stigmatiser le comportement des mères, dont Ted Ruffman souligne, dans un communiqué, « qu'elles reflètent de manière plus large des attitudes sociétales ».
Une étude américaine publiée il y a quelques jours seulement objectivait – une fois de plus – la discrimination subie par les personnes obèses, dans leur vie quotidienne, ainsi qu’au travail. En 2014, une vaste étude suédoise avait, elle, conclu que les jeunes obèses gagnaient en moyenne 18 % de moins que les personnes de corpulence moyenne.
Les chercheurs néo-zélandais rappellent, à toutes fins utiles, que la grossophobie peut provoquer « des sentiments d'isolement, des attitudes dépressives, des symptômes psychiatriques, une faible estime de soi et une image dégradée de son corps chez les personnes obèses qui en sont la cible ».