Parmi les 27 000 cas d'anomalies congénitales recensées chaque année en France, on trouve le spina bifida. Cette maladie correspond à un développement incomplet de la colonne vertébrale lors de la formation du fœtus. Elle empêche les vertèbres lombaires de se fermer, laissant la moelle épinière et ses racines nerveuses sans protection. A cause d’une fuite du liquide céphalo-rachidien, le cervelet s’affaisse au cours de la grossesse. Cause de paralysie et d’incontinence, c’est la maladie la plus fréquente du système nerveux central, même si elle reste assez rare – 1 grossesse sur 1000 environ, soit 800 cas chaque année.
Malgré le fardeau qu'il représente, sa prévalence ne baisse pas en Europe révèle, ce jeudi, une étude coordonnée par des chercheurs de l'Inserm.
Publiés dans The British Medical Journal, ces travaux indiquent que les politiques actuelles n’ont pas réussi à diminuer le nombre des anomalies de fermeture du tube neural en Europe. Parmi elles, on trouve donc le spina bifida mais aussi l’anencéphalie (malformations du cerveau et du crâne).
Dans ces travaux, l’équipe dirigée par Babak Khoshnood (1), directeur de recherche Inserm, s’est donnée pour objectif d’évaluer l’évolution à long terme du nombre de cas de malformation de fermeture du tube neural en Europe.
Les anomalies de fermeture du tube neural ne baissent pas
Ils ont pour cela analysé les données concernant plus de 11 000 cas d’anomalies de 28 registres EUROCAT (Surveillance européenne des anomalies congénitales) qui couvrent environ 12,5 millions de naissances dans 19 pays entre 1991 et 2011.
Par la suite, ces scientifiques ont utilisé des modèles mathématiques pour pouvoir comparer les différences entre les registres.
Et les résultats sont sans appel. Ils rapportent que la prévalence totale des anomalies de fermeture du tube neural en 2011 était globalement comparable à celle observée en 1991 (9 pour 10 000 naissances). C’était également le cas pour les deux principaux types d’anomalies, l’anencéphalie et le spina bifida.
Enfin, les estimations issues des modèles révèlent une hausse annuelle de 4 % entre 1995 et 1999 et une baisse de 3 % entre 1999 et 2003, puis une stabilisation pour les années suivantes.
Les tendances pour le spina bifida et l’anencéphalie étaient comparables, et aucune baisse substantielle n’a été observée pour ces deux anomalies.
Seule une minorité de femmes se supplémentent en acide folique
Les auteurs soulignent qu’il s’agit d’une étude observationnelle, « et qu'aucune explication définitive sur les causes et les effets ne peut donc être établie à partir de ces résultats ». Ils affirment cependant que leurs données permettent de conclure que les « recommandations, la supplémentation volontaire, ou les deux, n’ont pas permis de faire baisser le taux de prévalence des anomalies de fermeture du tube neural ». Conclusion, seule une minorité de femmes européennnes se supplémentent.
Il faut toutefois souligner qu'il n’existe pas en Europe de programme d’ajout d’acide folique dans certains aliments de base (farine, céréales, ...) comme c’est le cas dans d'autres pays (États-Unis, Canada). Or, des études ont déjà suggéré que cette démarche assure un apport suffisant d’acide folique et permet de diviser la prévalence des anomalies de fermeture du tube neural par deux « sans qu’aucun effet secondaire grave n’ait été constaté à ce jour ».
D’après les chercheurs français, les conclusions de cette nouvelle étude « devraient inciter les autorités européennes compétentes à se pencher de plus près sur la fortification obligatoire ».
Chaque année en Europe, près de 5000 grossesses sont concernées par des anomalies de fermeture du tube neural